De l’école au troupeau

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Les enfants crient « Maisha Bora » à tue-tête en nous apercevant, et essaient d’utiliser les quelques mots d’anglais que les professeurs leur enseignent. Ils sont joyeux, malicieux, pétillants. Tous habillés avec le même costume aux couleurs de la Tanzanie. Plus loin, dans le village, un réservoir a été créé avec l’aide des Iles de Paix, spécialisés dans l’accès à l’eau.

Manifestement, tous les enfants ne vont pas à l’école en même temps… Plusieurs troupeaux de chèvres et de bovins attendent autour de l’abreuvoir. L’organisation est sans faille. Les enfants accompagnent les troupeaux dès l’âge de 7 ans. Leur long bâton en main, il dirigent leurs animaux, les trient, les séparent, avec une dextérité incroyable. Ils sont particulièrement fiers d’un de leurs taureaux, confié par Vétérinaires Sans Frontières. Il provient du Kenya voisin, et pourra servir les vaches du village. Sa qualité génétique permettra d’améliorer rapidement les qualités commerciales et laitières de leur race locale.

Nous rencontrons d’autres groupes de femmes, leurs élevages de poussins, ou de chèvres. Les voici enfin, nos chèvres de Vétérinaires Sans Frontières ! Lies et moi nous regardons, avec un petit clin d’œil, nous demandant si l’une d’elles a été sponsorisée par un de nos proches. Ma chèvre achetée il y a deux ou trois ans s’appelait Carine… comme la consœur qui m’accompagnait à Vétérinexpo lors de ma première participation à l’action #jacheteunechevre. Qu’importe si Carine est dans l’enclos, ou si c’est une des chèvres de Lies. La fierté des personnes qui nous présentent la réussite de leur projet fait chaud au cœur. Oui, « Maisha Bora » !

De retour vers Ketumbeine, nous croisons un groupe de personnes menant plusieurs ânes chargés de bidons. Ils reviennent de la montagne, où ils peuvent trouver de l’eau fraîche potable, pour la consommation humaine. Les petits gestes de la vie courante en Europe demandent de longues heures dans le bush !

Nous arrivons au marché de Ketumbeine, qui se tient chaque lundi. Les chèvres et les bovins s’y vendent au milieu de jolis tissus, ou de sandales rudimentaires fabriquées avec de vieux pneus. Tout se transforme. Les objets que nous pourrions penser fichus ont une deuxième ou une troisième vie en Afrique.  Le marché est l’occasion de comprendre que le troupeau est le prestige du Masai. Il ne consomme pas ses animaux, les vaches ne sont vendues qu’en cas de coup dur. C’est une épargne, mais aussi une preuve du rang social. Finalement, la société n’est pas si différente en Tanzanie. Les vaches y remplacent la BMW ou la montre de luxe.

Pierre Paindaveine