La sécheresse, ici et là-bas

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Depuis plusieurs semaines, nous vivons une période de fortes chaleurs. Parmi nous, les éleveurs belges souffrent particulièrement des effets de cette vague de chaleur et de sécheresse. À cette période, au lieu d’avoir une herbe verte pour leur troupeau, leurs prairies sont roussies. Les éleveurs le disent eux-mêmes :« les vaches n’aiment pas la chaleur », « elles produisent moins », …

Si je vous décris cette situation, c’est pour évoquer celle que vivent les éleveurs que nous soutenons au Sahel, en Afrique de l’Ouest. Pour eux, la saison sèche n’est pas l’histoire de quelques semaines mais bien de six longs mois. Et contrairement à chez nous, où on fait référence à la sécheresse de 1976, elle ne survient pas rarement mais chaque année, sans exception.

La transhumance, une réponse à la sécheresse

Dans ce contexte, les éleveurs ont développé un mode de vie et de conduite de troupeaux spécifiques : ils pratiquent la transhumance et privilégient les races locales adaptées à leur climat. Mais leurs stratégies d’adaptation sont mises à mal, notamment par les effets des changements climatiques. La saison sèche se transforme en sécheresse de manière plus fréquente et plus marquée. La croissance démographique augmente la pression sur les ressources naturelles, ce qui est source de conflits entre éleveurs et agriculteurs. Enfin, l’insuffisance des moyens alloués aux politiques de développement dans le secteur de l’élevage ne facilite pas non plus la tâche des éleveurs. En effet, en Afrique, le secteur de l’élevage reçoit très peu de soutien (moins de 1 % des budgets), alors qu’il contribue grandement à l’essor social et économique des populations locales.

Pourtant, des solutions existent pour aider les éleveurs africains à mieux vivre ces conditions de sécheresse et faciliter leur transhumance. En voici quelques-unes, mises en place par Vétérinaires Sans Frontières au Sahel.

Vacciner les troupeaux

Le climat sahélien, tropical et humide, ne connaît pas de frontières politiques. Durant leur transhumance, les éleveurs parcourent de longues distances et traversent généralement les frontières pour atteindre des régions plus clémentes, où les pâturages sont encore nourrissants pour leurs troupeaux. Pour passer d’un pays à l’autre, les éleveurs ont besoin d’un certificat de vaccination pour leurs animaux. C’est pourquoi Vétérinaires Sans Frontières soutient la mise en place de services vétérinaires sur le terrain pour faire vacciner le bétail. Les éleveurs peuvent ainsi partir plus facilement en transhumance avec leurs bêtes.

Mieux gérer les terres

Les éleveurs transhumants sont également amenés à traverser des zones agricoles. Régulièrement, leurs animaux pâturent sur des champs qui n’ont pas encore été récoltés, provoquant ainsi des pertes de céréales. S’ensuivent alors des conflits avec les communautés agricoles touchées, qui peuvent dégénérer et causer des pertes de vies humaines. Pour éviter ces incidents, Vétérinaires Sans Frontières encourage les concertations entre communautés pour produire des schémas et plans d’aménagement et de gestion durable des terroirs. Ceux-ci prévoient notamment des couloirs de transhumance, des zones de pâturage pour les animaux, ainsi que la restauration des sols. En soutenant Vétérinaires Sans Frontières, vous aidez les communautés d’éleveurs à vivre en harmonie avec leurs communautés sœurs et à gérer les ressources naturelles de manière durable.

Améliorer la productivité du bétail

Bien qu’elles soient mieux adaptées aux contextes climatiques difficiles, les races locales sont en général moins productives. Mais en adoptant des techniques d’élevage améliorées, les éleveurs parviennent à augmenter leur production, que ce soit la quantité de lait par jour ou le nombre de veaux par vache. Vétérinaires Sans Frontières accompagne et renforce les capacités des éleveurs ainsi que celles des autres acteurs indispensables dans le fonctionnement de la filière (centres de collecte de lait, marchés à bétail, etc.) afin d’augmenter la production mais aussi de mieux la transformer et la commercialiser.

Ensemble, soutenons les éleveurs du Sud

Même si nous bénéficions à présent d’une période de répit, n’oublions pas si vite la sécheresse et ses conséquences toujours bien réelles et récurrentes pour les éleveurs du Sud. Ensemble, continuons à les soutenir afin qu’ils puissent eux aussi vivre dignement de leur métier.

Dr Eddy Timmermans