Le Parlement européen condamne la Tanzanie pour violences contre les Maasaï

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Les différends entre les Maasaï et le gouvernement tanzanien remontent à 1992, lorsque l’entreprise Ortello Business Corporation (OBC), spécialisée dans l’organisation de safaris aux Emirats, reçut un permis de chasse exclusif. En 2009, plus de 3000 Maasaï, pour la plupart des femmes et des enfants, furent expulsés de huit villages par la police anti-émeute et des gardes d’OBC. Plusieurs Maasaï perdirent la vie au cours de l’opération et leurs bêtes furent soit tuées, soit emmenées.

En 2013, le gouvernement tanzanien voulait vendre 1500 km2 de terres Maasaï adjacentes au Parc National Serengeti à OBC. Le plan prévoyait la relocalisation forcée de 40 000 Maasaï. Sous la pression internationale, le président tanzanien Jakaya Kikwete avait renoncé à vendre les terres. Mais cette décision ne suffit pas à mettre un terme aux violations de leurs droits humains, à en juger par les violences du mois de janvier.

Saisie des terres

Dans la résolution adoptée, le Parlement européen condamne sévèrement la pratique répandue de saisie des terres en Tanzanie, par laquelle le gouvernement central destine des terres communautaires à d’autres fonctions sans prendre en compte les droits des résidents locaux. Entre 2005 et 2008, environ 640 000 hectares de terres furent attribuées à des investisseurs internationaux, entre autres pour la culture de biocarburants, sans aucune considération pour les petits fermiers qui y cultivaient et qui perdirent ainsi tout moyen de subsistance. Les Maasaï sont des éleveurs nomades vivant dans les régions arides et semi-arides de la Corne de l’Afrique. Depuis des années, ils sont victimes de pratiques de saisie de terres et ont ainsi perdu l’accès à un grand nombre de leurs pâturages et de leurs terres agricoles.

Le Parlement européen a constaté qu’aussi bien les éleveurs nomades que les petits fermiers tanzaniens – qui représentent respectivement 10 et 75% de la population – courent le risque de perdre leurs terres à cause d’accords dont ils n’ont pas suffisamment connaissance, de transferts de terres illégaux et résultant de faits de corruption au profit d’entreprises étrangères ou de la réallocation des terres (dont des parcs naturels) par les autorités.

Pour la première fois, le Parlement européen a condamné ces pratiques. Vétérinaires Sans Frontières salue cette décision, elle qui défend les droits des éleveurs nomades en Afrique de l’Est, notamment auprès des institutions européennes par le biais de sa présidence de la coalition européenne CELEP (www.celep.info). Depuis 2014, l’ONG belge est active en Tanzanie, où elle lutte pour les droits territoriaux des éleveurs Maasaï avec son organisation partenaire UCRT.