Le théâtre au Burkina Faso : un autre façon d’apprendre

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Une puissante musique s’échappe d’un baffle, accompagnée de chants enthousiastes et d’éclats de rire. Voilà une scène pour le moins inhabituelle dans les petits villages du Sahel. Mais la musique fait son travail et éveille la curiosité. Elle attire surtout des femmes et des enfants, qui s’installent devant une scène improvisée où une pièce de théâtre va bientôt commencer.

Apprendre en s’amusant

Au Burkina Faso, les femmes ont rarement accès aux ressources financières et, de ce fait, sortent difficilement de la pauvreté. C’est pourquoi Vétérinaires Sans Frontières leur donne un capital de départ avec lequel elles peuvent lancer leur propre micro-entreprise. Mais au sein de la communauté Peule, avoir un accès direct au crédit en tant que femme est loin d’être une évidence. Pour sensibiliser la population, Vétérinaires Sans Frontières a opté pour une méthode originale : le théâtre interactif. « La façon idéale d’atteindre les personnes illettrées », explique Romba Abdrahim, qui suit ce projet en tant que coach pour Vétérinaires Sans Frontières.

« C’est plus qu’une simple comédie, cela nous apprend aussi des choses », ajoute Aguita Diallo, une habitante du village. « Nous rions beaucoup, c’est vrai, mais les acteurs nous donnent en même temps des conseils, par exemple sur la conservation du fourrage et l’entretien des puits ».

 Un message à transmettre

« Pour moi, la partie la plus intéressante, c’est quand l’homme refuse de partager l’argent reçu avec sa femme. Ca arrive souvent, vous savez. Ici, les hommes ne sont pas habitués à ce que leurs femmes commencent leur propre petit commerce. » Aguita se réjouit donc qu’il n’y ait pas que des femmes pour assister au spectacle, mais également une dizaine d’hommes. « J’espère qu’ils écouteront bien et qu’ils transmettront le message aux autres hommes du village. »

À la fin du spectacle, les acteurs s’adressent directement au public. Ils posent des questions et analysent ensemble le comportement des différents personnages. « L’éleveur qui s’est immédiatement approprié le crédit de sa femme, devons-nous prendre exemple sur lui ? ». Et le public s’empresse de répondre, à l’unanimité : « Non, c’est pas bon ça ! ».