Ce mois-ci, Guy Van Vlaenderen, concepteur de la méthodologie, explique d’où est venue l’idée du ZAK.
Présentation de ZAK
Bonjour ! Permettez-moi de me présenter : je m’appelle ZAK et je suis un outil destiné à fournir des renseignements pertinents sur la bonne marche des élevages de ruminants. En fait, depuis le début de sa carrière en 1973, mon concepteur, Guy Van Vlaenderen, a cherché à élaborer un outil approprié qui pourrait analyser facilement les performances des animaux d’élevage en milieu traditionnel de l’Afrique sub-saharienne. Dans le travail d’amélioration de l’élevage extensif, il est en effet essentiel de pouvoir analyser les paramètres zootechniques du cheptel en vue de déceler ceux qui présentent des défaillances et d’en rechercher les causes avec les éleveurs pour mettre en œuvre des mesures correctives.
Le problème se pose également à plus grande échelle, puisque les Ministères chargés de l’élevage, tout comme les différentes structures d’aide au développement, ne disposent d’aucune donnée fiable concernant l’élevage. Comment dès lors apprécier les effets de projets de développement dans le secteur de l’élevage ? Comment motiver les bailleurs de fonds à investir dans ce domaine ?
Cette absence de moyens permettant d’évaluer les paramètres zootechniques a aussi un impact sur les structures à vocation humanitaire : comment mesurer l’impact sur le bétail de catastrophes naturelles (sécheresse sévère, attaques acridiennes…) ou de conflits ? Comment suivre et évaluer les résultats des actions de restocking ?
C’est au cours de l’évaluation des résultats d’une opération de restocking en petits ruminants menée par une ONG internationale au profit des familles touchées par une sécheresse catastrophique, que mon concepteur m’a imaginé en vue de faciliter la collecte des données. Cette méthodologie basée sur la narration de l’historique de chacun des animaux reçus (10 femelles et 1 mâle) a très bien fonctionné, même auprès des personnes non alphabétisées. L’emploi d’un « tableau de jeu » et de « jetons » de tailles et de couleurs différentes en fonction du sexe et de la classe d’âge des animaux, mais aussi de vignettes représentant les périodes de l’année ainsi que les motifs de sortie des animaux (mortalité, vente, …) a rendu l’exercice plus ludique et a assuré une excellente fiabilité des données fournies. L’ONG a ainsi pu apprécier l’impact de sa vaste opération de restocking.
Au fil du temps, l’outil a été régulièrement amélioré, notamment en ce qui concerne les fiches de collecte et les fichiers d’exploitation (sur « Excel ») qui automatisent le calcul des paramètres et activent des signaux d’alerte en cas de résultats zootechniques médiocres. Cet outil a été mis en place dans différents projets, dont certains relevaient de l’ONG Vétérinaires Sans Frontières. Dans l’ensemble, les résultats ont été probants et les paramètres ainsi obtenus, même fragmentaires, ont été appréciés par les quelques ministères de l’élevage concernés.
Malheureusement, l’outil « Excel » a ses limites et le regroupement en grappe des données issues d’enquêtes d’entités différentes est malaisé. En outre, la production des fiches de collecte et des vignettes ainsi que l’élaboration des fichiers d’exploitation doivent sans cesse être réadaptées aux conditions spécifiques de chaque projet !
Heureusement, incitée par l’intérêt de l’outil, l’ONG Vétérinaires Sans Frontières a entamé des négociations avec Humanitarian Innovation Fund (HIF) en vue de produire un logiciel beaucoup plus souple et convivial. Après une analyse minutieuse du dossier préparé par Vétérinaires Sans Frontières, le projet (qui porte mon nom) a été accepté et signé en début janvier de cette année. Les principales étapes de la phase I ont été détaillées lors du Kick Off meeting du 21 janvier 2014. Avec l’appui d’un développeur motivé, Guy Detienne, je suis en train de prendre corps. Dans une 1ère étape, les éléments de base du programme ont été établis. Les différents outils de la version « Excel » ont été adaptés. En principe, une première version de mon logiciel sera disponible en mars 2014 et les tests pourront alors débuter avec quelques structures partenaires.