Nous y apprendrons par exemple que simba signifie ‘lion’, ou tembo ‘éléphant’, mais aussi et surtout, nous nous rappellerons du lourd passé colonial de la Tanzanie, née de la fusion de Zanzibar et du Tanganyika, sous occupation du sultanat d’Oman et de son commerce des esclaves, et ensuite sous domination allemande et anglaise. Les relations entre l’Europe et l’Afrique sont aussi anciennes que complexes…
Nous partons ensuite à la rencontre des Masaï. Peter nous emmène dans le bush, dans le district de Longido, à Ketumbeine. Le transfert « vers le terrain » prendra l’après-midi. Première prise de conscience de la réalité du travail de Vétérinaires Sans Frontières et des ONG partenaires en Tanzanie. Les routes sont longues, les pistes plutôt « bumpy ». Nous traversons des régions tantôt sablonneuses avec quelques rares buissons, tantôt marquées par la dernière saison des pluies, avec ses stigmates de coulées d’eaux impressionnantes, pour arriver dans une région volcanique, au sol jonché de pierres.
Sur le chemin, Peter s’arrête au bord d’un petit lac asséché. Il nous montre l’endroit qui devait être une réserve d’eau, suite à la construction d’un barrage. Il nous explique pourquoi les décisions prises par le gouvernement tanzanien ne sont pas forcément bien acceptées par les habitants locaux : une réserve d’eau de grande ampleur modifierait les habitudes de pâturage et d’accès aux ressources. Pour que des projets soient acceptés ou souhaités, ils doivent émaner de la population. Le barrage n’a pas tenu.
La réserve d’eau a fait place à une flore envahissante qui accueille de nombreux oiseaux, au chant inimitable. Lies et Josti vont pourtant s’y essayer… L’endroit est magnifique, Peter avait emmené avec lui quelques bières fraiches dans un frigo-box. Safari, Serengeti, ou Kilimanjaro (Kili pour les fans), les bières locales permettent, comme en Belgique, de prendre le temps de discuter.
… et du Maisha Bora
Encore quelques kilomètres de piste, des rencontres avec de superbes girafes et quelques chacals, avant d’arriver à Ketumbeine.
Le long de la piste, un panneau nous annonce la couleur : « Maisha Bora ». Peter nous traduit ces mots de langue Maa, en swahili « Akuna Matata », ou en anglais « Good Life ». Le logo de Vétérinaire Sans Frontières Belgique sur nos tee-shirts et les portes du pick-up est également bien visible sur le panneau. A l’entrée du village, les enfants au bord de la piste nous font de timides signes de la main, avec de larges sourires. Nous comprenons de suite que Vétérinaires Sans Frontières y est plus qu’apprécié!
Quelques minutes plus tard, Thomas, un jeune agronome masaï fraichement diplômé de l’Université d’Arusha nous rejoint avec son piki-piki pétaradant. Les pistes sont évidemment plus accessibles à moto ! Il est l’employé par l’ONG en première ligne, au contact des habitants dans les bomas. Pendant les jours suivants, il nous montrera que sa connaissance des personnes, des coutumes, des habitudes et des besoins est essentielle à la réussite des projets.
La soirée est calme et agréable. Le rythme est différent de celui que nous connaissons. Il est déjà l’heure de s’enduire de Deet, pour éviter les piqûres de moustiques vecteurs de ces maladies qui nous entourent peut-être. Peter sourit un peu, lui qui vit en Afrique depuis de longues années…
Pierre Paindaveine