Le Burkina Faso, dont la superficie est dix fois supérieure à la Belgique, compte très peu de vétérinaires : 102 vétérinaires privés en tout, contre 5000 chez nous.
Le docteur Alphonse Coulibaly est vétérinaire. Il est responsable des Services Vétérinaires Privés de Proximité (SVPP) à Dori, au nord du pays. Plein d’enthousiasme, il nous accueille dans son cabinet pour témoigner du travail quotidien et des défis rencontrés par un vétérinaire au Sahel.
Plus qu’un métier, un engagement
Le travail du Dr Coulibaly comprend trois activités principales : soigner des animaux dans son cabinet, faire des visites à domicile et gérer son SVPP.
« Je viens d’un milieu rural, j’ai toujours aimé les animaux. Au Burkina Faso, une grande partie de la population dépend des animaux pour survivre. Alors pour moi, devenir vétérinaire était un engagement, ma manière de faire quelque chose d’utile pour mon pays et sa population, » nous confie-t-il.
Environ un quart de son travail consiste à examiner des petits ruminants, de la volaille mais aussi des chiens dans son cabinet. Mais la plupart du temps, il se rend à domicile. Sa zone de travail se limite à la ville de Dori et aux communautés alentours sur un rayon de 15 kilomètres environ.
Au cours de sa tournée, le Dr Coulibaly est souvent confronté à la diarrhée du bétail liée au changement de saison. Dès les premières pluies de juin, quand commence la saison hivernale et que l’herbe devient plus humide, des problèmes digestifs peuvent apparaître et durer quelques jours. En effet, les animaux ne sont plus habitués à cette herbe humide, puisqu’ils ont mangé des herbes sèches pendant toute la saison sèche (d’octobre à mai). Dans ces cas-là, le Dr Coulibaly donne un traitement contre la diarrhée et administre un antiparasitaire. Souvent, il en profite aussi pour vacciner les animaux contre la pasteurellose.
Des soins pour les éleveurs les plus reculés
C’est probablement la troisième tâche du docteur Coulibaly qui est la plus innovante : il est responsable des Services Vétérinaires Privés de Proximité dans sa zone. En plus de travailler pour son propre compte, il accompagne un réseau de 32 agents communautaires de santé animale (ACSA) qui, au terme d’une formation, lui apportent un appui et veillent à la santé du bétail
« Grâce aux SVPP, mêmes les éleveurs qui se trouvent dans des coins très reculés ont accès aux soins » explique-t-il. Cependant, selon le Dr Coulibaly, le plus grand défi reste la prévention. « Il faut vraiment qu’on change le comportement des éleveurs pour qu’ils acceptent de vacciner leurs troupeaux contre les maladies ». En effet, les éleveurs n’ont pas connaissance des conséquences lorsqu’ils ne vaccinent pas leur bétail. « Aujourd’hui, il y a encore beaucoup de pertes qui auraient facilement pu être évitées. C’est pour ça que, jour après jour, il faut continuer le travail de sensibilisation. »