Des chèvres qui changent des vies

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Nous commençons cette journée par nous rendre au marché à bétail de Ryarubondo. Sur la route, nous dépassons de nombreux éleveurs qui amènent leur chèvre ou leur bovin à pied. Force est de constater que les routes, lorsqu’elles sont goudronnées, sont en très bon état et sont parcourues par de nombreux hommes, femmes et enfants, à pied ou en vélo, transportant des marchandises soit sur leur tête soit sur leur vélo lourdement chargé… l’idée d’un club de fitness, ici, est vouée à l’échec !

Vu l’importance de la population (12 millions d’habitants), la superficie des terres agricoles est peu importante pour chaque agriculteur/éleveur. Mais cela a du bon pour l’entretien des bas-côtés routiers car les chèvres, attachées à un piquet, y broutent l’herbe, ou les éleveurs y fauchent manuellement du fourrage pour le ramener à leur bétail.

Sur le trajet, deux découvertes : la première est de voir des centaines d’hommes vêtus d’un uniforme orange safran travailler dans des carrés parfaits de champs verdoyants : une magnifique photo que j’immortalise dans ma tête car il est interdit de photographier les prisonniers… La seconde, un camp de réfugiés congolais mis en place depuis 2007 et accueillant 18 000 bénéficiaires !

Arrivée au marché, qui nous offre un tableau très coloré : dialogues tendus, cris d’animaux, boue (la saison des pluies débute) et quelques femmes joliment vêtues.

La contention des porcs est fermement pratiquée par plusieurs hommes et un habitué palpe la langue d’un cochon à la recherche des cysticerques. Les conseils et la prévention sanitaire vétérinaire ont ici une importance capitale, d’abord pour la santé humaine et aussi pour l’éleveur qui voit le prix de son porcin diminué de moitié car l’acheteur prend le risque de le voir saisi, après l’engraissement, à l’abattoir.

De nombreux éleveurs doivent vendre une partie de leur cheptel, car la saison des semis va commencer et ils doivent se fournir en graines.

4 chèvres, le début d’une nouvelle vie

L’après-midi nous conduit chez des personnes vulnérables qui ont ou vont bénéficier d’une aide par l’obtention de 4 chèvres.

Le premier est ravi de nous montrer les chèvres qu’il a reçu via le projet de Vétérinaires Sans Frontières et Imbaraga. Les chèvres ont déjà mis bas et deux des chevreaux sevrés seront donnés à d’autres bénéficiaires en guise de remboursement de l’aide reçue. Il nous confie que lui et sa famille ne mangent de la viande qu’aux grandes occasions, non pas par conviction alimentaire ou religieuse mais par manque de moyens financiers.

Nous rencontrons une autre famille, très fière de nous faire visiter la chèvrerie fraîchement construite et en attente du cheptel dès que les moellons de terre seront suffisamment secs. C’est pour moi un moment de joie et d’émotion de recevoir les remerciements sincères, souriants et nombreux de Félicien et Constance pour l’aide apportée par Vétérinaires Sans Frontières, cette aide qui leur assure un futur heureux et ambitieux alors qu’ils ont respectivement 72 et 68 ans.

Jean-Luc Arendt, vétérinaire et ambassadeur de Vétérinaires Sans Frontières