Soumayata Touré, 24 ans, est née au Mali. Comme beaucoup de personnes de son pays, où des conflits persistent depuis 2012, elle a dû partir et se réfugier dans le pays voisin, le Burkina Faso. Elle vit actuellement à Wendou, dans la commune de Dori. Malheureusement, le Burkina Faso traverse également une profonde crise sécuritaire et humanitaire depuis 2015.
« Actuellement, je vends des petits articles comme le sucre, le thé, des biscuits et des bonbons à domicile. Je m’occupe également de ma mère qui est malade et de mon fils de quatre ans.
Nous avons quitté Gao (Mali) en 2012 à cause de la psychose due aux différents bombardements. Avec ma mère et d’autres personnes, nous avons été contraintes de fuir pour nous réfugier au Burkina Faso. J’ai aussi été témoin des menaces et des attaques des terroristes au camp de réfugiés à Goudoubo (Burkina Faso). »
« J’ai appris que je dois respecter la religion, l’appartenance sociale et les choix des autres. »
Depuis 2012, Vétérinaires Sans Frontières soutient des réfugiés comme Soumayata pour qu’ils puissent développer des activités en lien avec l’élevage. Ils peuvent ainsi subvenir eux-mêmes à leurs besoins, malgré le peu de ressources disponibles. L’arrivée des réfugiés au Burkina Faso entraine en effet une pression croissante sur l’eau et les pâturages, déjà insuffisants pour les communautés locales. Cette situation génère parfois des tensions entre communautés. La première chose à faire est donc de renforcer la cohésion sociale entre les différentes communautés. C’est pourquoi nous organisons des formations en ce sens.
« La cohésion sociale est très importante. Cela permet aux différentes communautés de vivre ensemble malgré les diversités ethniques et culturelles. J’ai appris que je dois impérativement respecter la religion, l’appartenance sociale et les choix des autres. J’ai aussi découvert et appris des autres ethnies et cultures des communautés locales au Burkina Faso.
Tous les réfugiés maliens n’ont pas pu assister à la formation. Je compte bien les sensibiliser aussi pour surmonter leurs méfiances et préjugés sur les communautés hôtes et faciliter notre intégration. »
« Mon souhait est que nos activités d’élevage de volaille prospèrent »
Inévitablement, la crise a un impact négatif sur le développement socio-économique de la région. Dans de nombreuses localités, les services sociaux de base (hôpitaux, écoles, etc.) ont fermé et le chômage est omniprésent. Pour redynamiser l’économie locale, nous organisons des formations professionnalisantes. Plus de 2000 jeunes en ont bénéficié depuis 2019.
Pour commencer, les jeunes se rassemblent selon le domaine dans lequel ils rêvent d’entreprendre : élevage, agriculture, transformation, commerce, etc. Afin de favoriser le brassage culturel, chaque groupe comprend des jeunes issus de communautés réfugiées et locales. En 2020, 240 groupes « mixtes » de 5 à 10 jeunes ont été formés. Soumayata fait partie d’un de ces groupes, dédié à l’aviculture :
« C’est d’une grande richesse pour moi car ces activités vont me permettre de m’intégrer facilement au sein de la communauté. Ça sera un très bon brassage culturel et nous allons partager nos expériences. De plus, je vis mieux ma situation de femme divorcée car j’ai rencontré des personnes formidables qui me soutiennent moralement. Mon souhait est que nos activités d’élevage de volaille prospèrent. »
Pour boucler le processus, les jeunes ont suivi des formations en entreprenariat. Ils ont élaboré leur projet de micro-entreprise et finalisé leur plan d’affaire. Une fois validés, ceux-ci seront soit financés par l’OIM (Organisation internationale pour les migrations), soit grâce à l’appui d’institutions locales de microfinance.
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