En ce début d’année, notre collègue Hamado Ouedraogo et son équipe s’apprêtent à former 15 éleveurs au métier d’agent communautaire de santé animale dans la Boucle du Mouhoun, au Burkina Faso. Un rôle essentiel dans cette vaste région à dominante pastorale où les soins vétérinaires manquent cruellement. Nous lui avons posé quelques questions.
Pourquoi cible-t-on la région de la Boucle du Mouhoun ?
« Cette région située au nord du pays présente de hauts défis sécuritaires car elle se trouve sous l’emprise de groupes armés. Actuellement, cette zone est supervisée par le Dr Diromba, la seule femme de notre réseau vétérinaire au Burkina. Mais c’est l’une des plus vastes du Burkina (ndlr : 34 333 km² de superficie, soit plus que la Belgique !), avec un cheptel estimé à plus de 6 millions de têtes. Autant dire que c’est impossible pour elle de les soigner tous.
Nous avons donc décidé de l’aider en formant et en équipant 15 agents pour la seconder. Nous avons ciblé les trois communes de Tchériba, Safané et Kona, où l’élevage est la principale activité. Dans chacune de ces communes, cinq agents travailleront sous la supervision du Dr Diromba. Ils pourront ainsi tirer un revenu pour subvenir aux besoins de leur famille. »
Combien d’éleveurs vont ainsi pouvoir bénéficier de soins pour leur bétail ?
« Dans les communes de Tchériba, Safané et Kona, on dénombre 18 530 familles d’agro-éleveurs. Nous ne disposons pas de chiffre précis concernant le bétail, mais on peut affirmer sans se tromper qu’ils ont tous au moins un animal. Pour certains, c’est beaucoup plus.
Actuellement, ces familles n’ont pas réellement accès à des soins pour leur bétail. Même si le Dr Diromba y travaille, la zone est très difficile d’accès car il y a peu de routes carrossables et les distances à parcourir sont longues. Or, les habitants de ces communes dépendent directement de l’élevage pour vivre. Il est donc urgent d’équiper des agents pour couvrir la région, surtout en vue de la campagne de vaccination qui approche. »
Quels sont les besoins ?
« Pour pouvoir soigner les animaux, les agents ont besoin de matériel. Nous leur fournissons sous forme de kits. Ceux-ci contiennent aussi bien des équipements (blouse, bottes, sac à dos, etc.) que du matériel (seringues, compresses,…) ou des produits de traitement et de soin pour la volaille et les petits ruminants. Rien n’est superflu : sans ce matériel, les agents ne peuvent pas faire leur travail.
Un kit coûte 380 euros. C’est beaucoup d’argent. Imaginez-vous : c’est l’équivalent de 2 belles génisses ou 2 taureaux. Ce n’est pas le genre de dépense que peuvent se permettre les éleveurs dans cette région. C’est pour ça que notre intervention est si importante.
Le contenu du kit est conçu comme un fonds de roulement qui permet aux agents de démarrer leur activité. Ensuite, grâce aux revenus qu’ils tireront de leur activité, ils pourront racheter le matériel manquant. »
Ces kits ont-ils une réelle valeur ajoutée ?
« On distribue régulièrement ce type de kits, chaque fois qu’on met en place un réseau vétérinaire. Dans la région du centre Nord par exemple, on a mis en place un réseau avec 25 agents qu’on a tous dotés de kits similaires. Grâce à eux, le taux de vaccination a presque doublé dans la région. Le vétérinaire et ses agents ont vacciné plus d’animaux que les agents de l’Etat, dont l’équipement est moins bon que le nôtre. Il y a donc un impact réel.
Partout sur le terrain, on observe que ce sont nos agents qui sont les plus actifs pendant les campagnes de vaccination. Le rôle de l’agent communautaire de santé animale n’est plus à démontrer aujourd’hui. Mais sans kit, il ne peut rien faire. »
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