Fidèle Nkuriza avait 7 ans lorsqu’il a gouté pour la première fois à la nourriture des dieux : le miel. Depuis, il a décidé de faire de l’apiculture son métier. Car déjà à l’époque, il savait que ce doux nectar rapportait bien plus que l’agriculture.

Un parcours semé d’embûches…

Issu d’une famille modeste dans le Sud du Rwanda, Fidèle est parti de rien. Obligé d’arrêter ses études après l’école primaire, il s’est lancé dans l’apiculture dès l’âge de 14 ans. Après quatre années d’efforts, il commençait enfin à en vivre. Fidèle avait alors 45 ruches traditionnelles qui lui permettaient de subvenir aux besoins de sa famille : payer la mutuelle de santé, se loger, se nourrir, et acheter un peu de bétail.

En 2010, un programme gouvernemental d’aménagement du territoire est venu chambouler cet équilibre précaire. Forcé de quitter son village natal de la cellule de Buhoro, Fidèle a dû refaire sa vie à Nyarusange, dans le même secteur. Mais ses ruches, elles, n’ont pas pu être déplacées. Fidèle n’a donc eu d’autre choix que de faire des allers-retours vers Buhoro pour assurer sa production de miel (5 kg par ruche par an). Un coup dur pour l’apiculteur.

… jusqu’à la découverte de l’apiculture moderne

Il y a trois ans, Fidèle a rejoint notre projet Energie Verte & Elevage. Grâce à notre partenaire local ARDI (Association Rwandaise pour le développement Intégré), il a bénéficié de formations techniques et financières. Par l’intermédiaire de sa coopérative, il a reçu un crédit de 150 000 frw (environ 125 euros), qu’il a investi dans 6 ruches modernes et l’équipement nécessaire.

Grâce aux formations et à l’accompagnement d’ARDI, Fidèle a pu se professionnaliser. Il maitrise maintenant les techniques apicoles modernes : élevage des reines, multiplication des colonies, contrôle des parasites, prédateurs et maladies. Il fabrique lui-même les feuilles de cire pour ses ruches et vend le surplus de cire. Dorénavant, il possède aussi des notions de gestion de crédit qui lui permettent de respecter les délais de remboursement et d’investir de façon avisée.

Fin 2020, Fidèle est un père de famille et un apiculteur accompli. A 39 ans, il possède une trentaine de ruches modernes, trois fois plus productives que les anciennes. Chacune produit environ 23 kg de miel par an, vendu sur le marché local avec la cire. En deux ans, sa production annuelle est passée de 384 kg à 603 kg, ce qui représente une valeur de plus de 1,9 millions de francs rwandais (environ 1 600 euros).

Grâce à l’augmentation remarquable de sa production, Fidèle a vu ses revenus augmenter considérablement. Il a ainsi pu s’acheter 6 ruches supplémentaires (portant le nombre total à 32) et terminer l’aménagement sa maison, où l’électricité vient d’être installée. L’apiculteur est également devenu propriétaire d’une parcelle toute proche pour accueillir ses ruches. Récemment, il a même pu se permettre d’acheter une vache. Désormais, lait et beurre font partie du menu quotidien de ses filles et apportent les protéines nécessaires à la bonne santé de toute la famille.

Un exemple à suivre

Sa véritable motivation, Fidèle nous l’a confiée. S’il se lève tous les matins pour s’activer dans ses ruches, c’est avant tout pour offrir à ses filles l’éducation qu’il n’a jamais eue. Pouvoir envoyer sa fille ainée Louise (7 ans) dans une école privée est d’ailleurs un accomplissement salué par toute sa communauté.

Aujourd’hui, Fidèle est considéré comme un homme riche et joue un rôle important dans son village. Grâce à lui, deux jeunes apiculteurs en herbe lui ont emboîté le pas, dans l’espoir de devenir à leur tour les maillons forts de leur communauté. Le père de famille rêve à présent de développer davantage son activité. Il projette d’acquérir de nouvelles ruches, et aimerait un jour en avoir 200.

L’exemple de Fidèle en est la preuve : notre intervention va bien au-delà des objectifs fixés. Que ce soit à travers l’apiculture ou l’élevage d’autres espèces, nous travaillons avec nos partenaires pour apporter une alimentation de meilleure qualité à nos bénéficiaires et les aider à développer une activité professionnelle rentable. Mais aussi et surtout, nous leur offrons la possibilité de s’émanciper et de croire en leurs rêves.