Bien que beaucoup de progrès aient été observés dans la lutte contre la faim dans le monde, 800 millions de personnes souffrent toujours de la faim à l’heure actuelle. La majorité vit dans le Sud et est active dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage. En organisant cet événement, la Coalition contre la faim – dont Vétérinaires Sans Frontières est un membre actif – souhaitait féliciter la Belgique pour son engagement dans le combat contre la faim, mais aussi souligner certains écueils qui continuent d’empêcher l’éradication totale de la faim dans le monde.
Cet événement s’inscrivait dans la continuité des actions organisées en début d’année par la Coalition, et plus précisément du séminaire intitulé « Objectif 2020. L’agriculture familiale comme pierre angulaire de la politique belge contre la faim. » Ce séminaire avait pour but d’examiner les engagements existants en termes de soutien de l’agriculture familiale et de droit à l’alimentation, et ce qui en empêchait la concrétisation. Il existe en effet un large consensus sur la nécessité d’une agriculture familiale et du droit à l’alimentation, mais les politiques et mesures visant à les renforcer laissent souvent à désirer.
L’existence de ce consensus est claire, notamment à travers la décision des Nations Unies de faire de 2014 l’Année internationale de l’agriculture familiale. Cependant, il reste de nombreux obstacles et une approche déterminée est nécessaire pour passer du consensus à une véritable action. Parmi ces obstacles figurent le manque d’accès à la terre et aux ressources naturelles, des investissements insuffisants dans l’agriculture familiale, etc.
Au cours du séminaire, Olivier De Schutter, ancien rapporteur des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, a défendu le besoin d’un changement de paradigme pour parvenir à un système agroalimentaire mondial durable. Ce système doit avant tout être basé sur la résilience et non sur l’efficacité ; sur la relocalisation des systèmes agroalimentaires et non sur le développement de chaînes de production compliquées partout dans le monde ; sur la diversification de la production plutôt que la spécialisation de production par région, etc.
Pour arriver à un tel système, la Coalition Contre la Faim propose une série de solutions qui ont un impact certain sur ces points. Tout d’abord, il faudrait donner une place de choix à l’alimentation et à la nutrition dans la politique belge de coopération internationale. Pendant trop longtemps, la politique de sécurité alimentaire n’a pas accordé suffisamment d’importance aux aspects alimentaires liés à la qualité et au caractère adéquat de la nourriture, à la justice sociale – en particulier liée à l’égalité des droits entre les hommes et les femmes – et à la viabilité écologique.* PB coalitie Tegen de Honger rond nutritie en fiche veeteelt en nutritie).
Ensuite, des investissements responsables dans l’agriculture sont également nécessaires. Ceux-ci doivent prendre en compte les infrastructures et les services publics, les organisations paysannes, les marchés, etc. Les organisations d’éleveurs du Sud doivent être impliquées autant que possible dans le choix des investissements agricoles qui bénéficient du soutien belge afin que ceux-ci correspondent à leurs besoins et à leurs priorités.
Il faut également remédier aux obstacles d’accès au marché. Les agriculteurs familiaux ont souvent un accès limité aux marchés rentables à cause du manque d’infrastructures et d’organisation des marchés. La Coalition appelle donc à un renforcement des organisations paysannes afin qu’elles puissent avoir un meilleur accès au marché. Les autorités locales doivent également être encouragées à investir dans les infrastructures locales et dans la diffusion de l’information.
Enfin, à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, la Coalition plaide également en faveur de davantage de cohérence dans les décisions politiques prises à tous les niveaux en matière de politique de coopération.
> Pour plus d’informations, consultez le Policy Brief de la Coalition Contre la Faim et notre Fiche thématique « Nutrition et élevage ».
La Coalition contre la faim
La Coalition contre la faim compte aujourd’hui une vingtaine d’ONG membres qui collaborent autour de la politique belge contre la faim et plus précisément autour de l’agriculture et de la sécurité alimentaire. La Coalition a 4 objectifs :
1. Faire de l’agriculture familiale une priorité dans la coopération belge au développement.
2. Renforcer les capacités des organisations paysannes locales pour définir, mettre en œuvre et évaluer la politique de soutien de l’agriculture.
3. Renforcer la cohérence des politiques en matière de coopération en faveur de l’agriculture familiale dans le Sud
4. Amener les acteurs de la coopération belge à alimenter le débat sur le soutien à l’élevage familial durable dans le Sud
> Plus d’info : www.coalitioncontrelafaim.be