Pose du décor : au Burkina, on compte seulement 120 vétérinaires dans tout le pays, dont une bonne moitié travaille dans le secteur public. Le reste est concentré autour des agglomérations, principalement. Pas besoin de faire un schéma, le manque se fait cruellement ressentir auprès des éleveurs, qui ont souvent recours à des clandestins, qui, sans compétence médicale, achètent et revendent des traitements aux éleveurs. Facile quand les médicaments sont en libre-service… La santé pêche donc.
Pour remédier à ce problème, Vétérinaires Sans Frontières déploie des réseaux d’agents communautaires autour d’un vétérinaire privé. Ces personnes, choisies par leurs villages, sont formées aux soins de base, à la production et à l’animation communautaire, c’est-à-dire à la communication et la sensibilisation, entre autres par le Dr Mandé. Il leur est en revanche interdit de réaliser par exemple l’inspection des viandes et les chirurgies, réservées aux vétérinaires. Les agents restent sous la tutelle du vétérinaire privé du réseau, à qui ils achètent les médicaments et doivent rendre compte de toute situation anormale. Ce sont notamment eux qui assurent la surveillance épidémiologique de maladies telles que l’anthrax et la fièvre aphteuse, courantes dans la région.
A la fin de leur formation, chaque agent communautaire reçoit un kit de base pour leur permettre de réaliser quelques soins sur le terrain. Problème : par manque de financement, les agents que nous rencontrons aujourd’hui n’ont pas pu avoir ces kits et ne sont donc pas opérationnels pour le moment…
Dans l’assemblée face à nous, il n’y a qu’une seule femme. En effet, les femmes doivent avoir l’accord de leur mari pour aller dans d’autres villages ou mener des interventions la nuit. De plus, les tâches d’agent communautaire de santé animale prennent beaucoup de temps, pendant lequel la femme ne peut pas assurer son rôle à la maison. Certaines femmes refusent aussi parce qu’elles trouvent le métier trop contraignant et fatiguant.
Ce réseau d’agents communautaires permet de réellement améliorer la qualité des élevages en palliant le manque de vétérinaires. Le Dr Mandé nous a confié qu’il était fier des agents sous sa responsabilité et que tous étaient très engagés dans leur métier et très motivés.
Delphine Boursin, étudiante en médecine vétérinaire
Ce voyage d’échange a été organisé par Vétérinaires Sans Frontières, dans le cadre d’un concours pour les étudiant-e-s en médecine vétérinaire organisé avec le soutien de la coopération belge au développement.