Alhamdoullilahi (« La louange appartient à Allah »). C’est le nom de l’Union féminine du village de Bogol Hima, dans le Sud du Niger, situé à environ 80 kilomètres de la capitale Niamey. Depuis 2017, Vétérinaires Sans Frontières appuie ce groupement qui compte 220 éleveuses.
Ce matin, des collègues d’autres ONG (Action Damien, Croix Rouge, Médecins du Monde, ARES) et d’Enabel (l’agence belge du développement) sont allés les rencontrer afin de s’inspirer du partenariat entre ces éleveuses et Vétérinaires Sans Frontières.
L’ONG a offert aux éleveuses un ensemble de formations (santé animale, alimentation du bétail, fertilité des sols…). Elle leur a également fourni un financement de 1 500 000 FCFA (environ 2286 euros) pour leur permettre de commencer une activité économique dans le domaine de l’élevage, afin de compléter leurs revenus.
« Nous nous sommes réunies pour réfléchir à la meilleure manière d’utiliser cet argent, pour choisir l’activité économique à lancer. Nous avons choisi l’embouche (ndlr : l’engraissage d’un animal en vue de le revendre) d’ovins car il y a souvent des collecteurs qui passent dans notre village : ils nous les achètent pour aller ensuite les revendre au marché », explique Ramatou Soulé, la facilitatrice du groupement féminin, mère de 6 enfants et grand-mère de 2 petits-enfants.
« Pour commencer, nous avons désigné ensemble les quinze premières membres du groupement à bénéficier du financement. Chacune a reçu un montant de 100 000 FCFA (ndlr : environ 150 euros), qu’elle devait rembourser au groupement après 8 mois. Dès qu’elles ont toutes remboursé, nous avons identifié quinze autres bénéficiaires, qui profitent à leur tour du prêt d’argent. »
Ramatou Soulé est une des quinze premières femmes à avoir bénéficié de ce prêt. Avec cet argent, elle a pu acheter un mouton. Elle nous explique :
« Grâce aux 100 000 francs que le groupement m’a prêtés, j’ai pu lancer une activité d’embouche. J’ai acheté un bélier 34 000 FCFA (52 euros) et je l’ai laissé en pâturage durant deux mois avant de l’attacher ici, pour l’engraisser pendant quatre mois. Pour le nourrir, j’ai récolté de la paille et j’ai acheté des compléments alimentaires pour un total de 14 000 FCFA (21 euros). J’ai aussi dépensé 2400 FCFA (3,60 euros) pour le vacciner et acheter des produits vétérinaires pour le soigner.
Au total, j’ai donc dépensé environ 50 000 FCFA (76 euros) pour ce bélier. Cela peut paraître cher, mais je sais que c’est un bon investissement. La fête de la Tabaski approche et en cette période, les ovins ont plus de valeur sur le marché. Je pourrai le revendre au moins 150 000 FCFA (228 euros). Même à un autre moment de l’année, où je le revendrais plutôt 110 000 FCFA (168 euros), je ferais encore un bénéfice. Donc dans tous les cas, après les 6 mois d’embouche, j’aurai récupéré l’argent investi, je pourrai rembourser le groupement et j’aurai bien gagné ma vie ».