Les défis du pastoralisme au Karamoja

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Vétérinaires Sans Frontières est présent à Moroto et à Kaabong depuis 2007. Ces 2 districts font partie du Karamoja. Située au nord-est de l’Ouganda, cette région est très différente du reste de l’Ouganda, ce qui explique entre autre les difficultés rencontrées par ses habitants. Elle s’étend sur 27 200 km² (11% de l’Ouganda) et compte 988 429 habitants (2,7% de la population totale de l’Ouganda). Elle est caractérisée par une grande variabilité climatique marquée par de longues périodes de sécheresse, durant lesquelles rien ne pousse, suivies de courtes périodes de pluie où la végétation est luxuriante. La culture pure est donc très difficile voire impossible. Ses habitants dépendent donc essentiellement de l’élevage pour subvenir à leurs besoins. 20% des bovins et 23% des caprins-ovins de l’Ouganda pâturent sur le plateau du Karamoja

Cette région a malheureusement été marquée par de nombreux conflits. La propriété n’existe pas au Karamoja, la terre appartient à tout le monde. Ce qui génère évidemment de fréquents conflits, attisés dans les années 70’ par l’armement massif de la population. Une intervention musclée de l’Etat il y a environ 5 ans a permis le désarmement et un retour à une paix relative, à l’exception du Nord à la frontière avec le Soudan.

Le climat fluctuant et les nombreux conflits ont un peu isolé la région du Karamoja du reste de l’Ouganda, avec malheureusement des conséquences dramatiques sur la qualité de vie de ses habitants. 65% de la population y vit sous le seuil de pauvreté (avec moins de 1,25 dollars par jour), 79% sont illettrés, la mortalité infantile s’élève à 10% et le taux moyen de malnutrition atteint 12,8%.

Dans ces conditions difficiles, les éleveurs bougent avec leur bétail pour trouver des pâturages avec de l’herbe en suffisance. Ce mode d’élevage, le pastoralisme, est fort répandu en Tanzanie et en Afrique de l’Ouest. Bien que le pastoralisme ait déjà fait ses preuves dans la région et qu’il permette à de nombreuses familles de survivre, il n’est pas soutenu par le gouvernement qui préfère promouvoir la culture et l’élevage sédentaire.
À travers ses projets, Vétérinaires Sans Frontières essaie de changer les mentalités et soutient le pastoralisme. Les soins vétérinaires étant quasi inexistants, le personnel local de l’ONG forme des auxiliaires vétérinaires aux premiers soins, à la vaccination, au déparasitage des animaux, aux grands principes de management et de contention des animaux, aux principales maladies et leurs symptômes, aux techniques d’injection et d’administration des divers médicaments.

Les auxiliaires sont choisis parmi les éleveurs sur base de différents critères. Leur formation dure 2 semaines et chaque année, ils doivent se remettre à niveau. Jusqu’ici 101 auxiliaires ont été formés à Moroto.

Grâce à la présentation d’Emmanuel et à nos nombreuses questions, je comprends mieux le contexte dans lequel Vétérinaires Sans Frontières doit mener sa mission, ici, dans la région du Karamoja. Je comprends également mieux les avantages du pastoralisme. Je pense par contre qu’il faudra beaucoup de patience et de persévérance à l’équipe de Vétérinaires Sans Frontières pour pouvoir changer la mentalité du gouvernement. Le pastoralisme est malheureusement encore jugé comme rétrograde et source de conflits. Difficile à accepter quand on sait que des milliers de personnes dépendent de ce mode d’élevage pour survivre !

ambassadorsMoroto

Catherine Waterkeyn