Par le hublot de l’avion, nous apercevons le Niger, ce fleuve d’Afrique qui coule dans un grand lit de terre ocre d’où se détache bientôt des maisons aux tons ocres et roses… Ca y est, nous sommes à Niamey.
Et voici que l’aventure commence ! Il fait chaud : 33°C, et pourtant c’est l’hiver ! Une épaisse poussière est soulevée par le vent et les voitures… elle colore tout d’ocre et de rose… Voici la terre où travaille Vétérinaires Sans Frontières.
Ce matin, nous faisons connaissance avec son équipe et tous les acteurs de leur campagne « J’achète une chèvre »… mais il n’est pas seulement question de chèvres ! Les Nigériens sont des éleveurs de bovins, de caprins et de chameaux. Leurs bêtes sont tout ce qu’ils possèdent. Pour les soigner, il faut des vétérinaires auprès d’eux, là où se trouvent les troupeaux, ou au moins à proximité des couloirs de passage, car il est nécessaire de les vacciner, de parer les pieds, de les aider à mettre bas…
Il faut surtout encourager les vétérinaires nigériens à aller exercer leur métier, notre beau métier, au plus près des pasteurs et de leurs troupeaux. Un petit appui offert par Vétérinaires Sans Frontières – un local, une moto, des instruments de chirurgie,… – les aide à se décider à s’installer aussi loin des centres urbains.
Les projets sont nombreux et sollicitent toutes les forces de tout le personnel de Vétérinaires Sans Frontières. Citons entre autre la filière du lait et celle de la viande qui doivent correctement être organisées. Mais en cette saison, ce sont les réserves fourragères qui sont en forte diminution. Face à un déficit de 41 %, il faudra trouver une façon de nourrir les troupeaux d’ici la prochaine saison des pluies. Les violences et l’instabilité régionale ne font que compliquer la situation, obligeant les pasteurs de certaines régions à renoncer à leur rituelle transhumance dans les pays voisins.
Cet après-midi, l’Ordre des vétérinaires nigérien nous fait l’honneur de nous recevoir. Son président nous expose son gros problème : le nombre très réduit de vétérinaires praticiens ruraux. Sur les 180 vétérinaires que compte le Niger, seulement 39 confrères pratiquent le métier. 18 font partie des réseaux vétérinaires soutenus par Vétérinaires Sans Frontières, et 5 sont en cours d’installation. Il est frappant de constater, en comparaison avec la Belgique, le peu de femmes qui exercent la profession : seulement 15 dans tout le pays, dont une seule ayant une activité privée (ndlr : Mariama, responsable d’un Service Vétérinaire Privé de Proximité, venue en stage en Belgique en septembre 2017).
Ensuite, le Dr Catherine Baaré nous fait visiter le LABOCEL (laboratoire central d’élevage), qui produit l’ensemble des principaux vaccins des campagnes de vaccination des troupeaux.
Il faudra attendre demain pour le vrai contact avec les troupeaux… Karlien et moi sommes impatientes !
Josette Ghysen