Quand le crédit-élevage ouvre la voie de l’entreprenariat au Burundi

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A 42 ans, Claude Nduwimana possède un commerce, deux maisons, du bétail et une poignée de terrains sur lesquels il emploie plusieurs personnes. Un parcours pour le moins atypique sur la colline Mugomera, dans la province de Ngozi, où la majeure partie de la population vit sous le seuil de pauvreté. Sa réussite impressionne d’autant plus que le père de famille n’avait encore rien ou presque il y a quatre ans à peine.

En mars dernier, il a déménagé avec sa femme et leurs six enfants dans sa nouvelle maison, qu’il a fait construire à l’arrière de sa boutique dans une rue commerçante du centre de Mugomera. Le symbole d’une réussite qu’il attendait depuis l’obtention de ses 300 000 francs de crédit (environ 100 euros), en 2020. A l’époque, alors qu’il était sur notre liste d’attente pour recevoir des chèvres via la chaîne de solidarité, Claude a entendu parler de notre programme de crédit-élevage. Et son choix a été vite fait.

Entreprendre grâce au crédit-élevage

Claude, 42 ans, a récemment déménagé dans une nouvelle construction à l’arrière de sa boutique. Il a transformé son ancienne maison en étable pour sa vache et ses chèvres. © Loïc Delvaulx

La fibre commerciale, Claude l’a toujours eue : quand il a contracté son premier crédit, cela faisait déjà plus de cinq ans qu’il tenait son commerce. Mais à l’époque, la boutique ne lui appartenait pas. Il avait des associés et devait demander crédit pour acheter sa marchandise. Il possédait quelques champs, mais ils ne rapportaient pas grand-chose, juste assez pour nourrir sa famille. En revanche, ils lui ont été bien utiles pour servir de garantie auprès de l’institution locale de microfinance.

Son crédit en poche, Claude a acheté une chèvre et a utilisé le reste de l’argent pour développer son commerce. De fil en aiguille, le commerçant a acheté d’autres chèvres dont il a utilisé le fumier pour fertiliser ses champs et augmenter ses récoltes. La vente de ses surplus agricoles lui a permis d’acheter une vache et d’augmenter le capital de sa boutique. Derrière le comptoir, on trouve aujourd’hui du thé, de la farine et des boissons, mais aussi des beignets faits maisons que sa clientèle peut déguster dans un petit restaurant installé dans la pièce attenante.

L’élevage de chèvres, un tremplin pour accéder au crédit

Grâce à Vétérinaires Sans Frontières, Donatien et sa famille ont reçu des chèvres et bénéficié d’un crédit-élevage. Aujourd’hui, il envisage de construire une boutique pour y vendre leur production agricole. © Loïc Delvaulx

À quelques kilomètres, sur la colline Mutumba, Donatien Ndagijimana, 35 ans, est bien parti pour suivre la même voie. Construire une boutique, c’est aussi son rêve, mais il voudrait plutôt y vendre sa production agricole. Il faut dire qu’il n’a jamais eu d’aussi bonnes récoltes : chaque saison, il peut compter sur une production moyenne de 500 kg de maïs et 350 kg de haricots. Des rendements qu’il n’aurait jamais pu imaginer il y a quelques années. Avant de recevoir des chèvres et de bénéficier des appuis de Vétérinaires Sans Frontières, il récoltait à peine 80 kg de haricots et 20 kg de maïs. A côté des revenus qu’il dégage de ses récoltes, le fumier lui rapporte aussi une somme appréciable : en un an, ses animaux lui permettent de produire six bennes de fumure organique. En vendant la moitié, il gagne 240 000 francs. De l’argent qui lui permet d’employer une vingtaine de personnes sur ses champs, ainsi qu’un bouvier.

« J’ai eu la chance de recevoir mes chèvres gestantes. Au bout de quelques mois, elles ont toutes mis bas » raconte le jeune père de famille, dont la situation a rapidement évolué. Un an plus tard, en 2018, il a appris la possibilité de contracter un crédit via l’ONG et son partenaire UCODE-AMR. Après une formation accélérée en gestion, il a reçu un crédit de 300 000 francs burundais.

Diversifier ses revenus, la clé pour toujours rebondir

Donatien et sa femme, à l’arrière de leur maison à Mutumba, où ils élèvent des chèvres, une vache et un porc. © Loïc Delvaulx

Depuis, le jeune entrepreneur jongle habilement entre crédits, élevage et investissements, et cela lui réussit. « Au moment où j’ai reçu mon crédit, mes chèvres ont eu cinq chevreaux, et je les ai vendus pour 250 000 francs. Avec cet argent et ce que j’avais emprunté, j’ai acheté un veau. Une fois adulte, cette vache a aussi eu un veau ; j’ai attendu qu’il soit adulte et je l’ai vendu à 800 000 francs. Cela m’a permis d’acheter un terrain pour 500 000 francs et de contracter un autre crédit de 300 000 francs, que j’ai remboursé avec intérêt en un an. »

Après l’ouverture de son commerce, Donatien compte acheter une moto pour se déplacer. Il voudrait aussi installer une plaque solaire pour éclairer sa maison et permettre à ses enfants d’étudier facilement à l’intérieur. Il compte bien les faire scolariser jusqu’à l’université, au Burundi et même à l’étranger.

De son côté, Claude ne compte pas non plus s’arrêter là. L’entrepreneur a de la suite dans les idées : quand il le pourra, il remplacera son vélo par une moto ou même une voiture pour devenir chauffeur de taxi. Une nouvelle corde à son arc pour diversifier toujours plus ses revenus, comme nos animateurs lui ont appris à le faire.


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