Santé animale et émancipation féminine au Rwanda

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Dans les coins reculés des districts de Nyamagabe, Huye et Nyanza, il est difficile pour les éleveurs rwandais d’avoir accès à des services de santé animale de qualité. En effet, la plupart des vétérinaires préfèrent s’installer dans des secteurs plus urbains et peuplés pour assurer leur rentabilité. Depuis 2011, nous nous efforçons d’inverser cette tendance en soutenant le développement de cabinets vétérinaires rentables dans les zones rurales.

Relever les défis des vétérinaires

Le transport est l’un des principaux défis auxquels sont confrontés les vétérinaires et les techniciens vétérinaires dans la Province du Sud. Très souvent, ils doivent se rendre à pied jusqu’aux fermes qui font appel à leurs services, ce qui peut avoir de graves conséquences en cas d’urgence. S’ils utilisent un taxi-moto, les coûts du déplacement sont facturés à l’éleveur, dont les moyens financiers sont souvent limités. C’est la raison pour laquelle les vétérinaires que nous sélectionnons reçoivent tous une moto. Ils peuvent ainsi fournir une assistance rapide aux éleveurs et leurs bêtes, à un prix abordable.

Nous soutenons aussi les vétérinaires à travers l’achat en gros d’intrants vétérinaires, qui permet de diminuer le prix de chaque produit. Cela contribue également à réduire les coûts pour les éleveurs qui en ont besoin. De cette manière, les services de santé animale sont encore plus accessibles.

A chaque formation, que ce soit en gestion ou en médecine vétérinaire, les services des vétérinaires gagnent un peu plus en qualité. Ils sont non seulement mieux à même de gérer leur activité, mais ils sont aussi mieux équipés pour faire leur travail. Leurs nouveaux outils et connaissances leur permettent de fournir un éventail plus large de services. Certains proposent par exemple des inséminations artificielles pour améliorer la productivité des vaches laitières de la région.

Une approche qui a fait ses preuves

Jusqu’à présent, nous avons soutenu 35 vétérinaires rwandais. Tous ont été sélectionnés en étroite collaboration avec les autorités locales et le Conseil rwandais des docteurs vétérinaires. Nous les avons accompagnés pour accéder à un crédit dans des institutions de microfinance locales. Une manière de les responsabiliser tout en assurant la pérennité de l’approche.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : avec un taux de remboursement de crédit avoisinant les 97 %, et 31 vétérinaires toujours actifs à l’heure actuelle (jusqu’à huit ans après la fin de notre soutien), le succès de l’approche ne fait aucun doute.

Cinquante nouveaux vétérinaires

Cette approche va à présent être étendue dans d’autres régions du pays. Dès juillet 2021, cinquante nouveaux vétérinaires seront soutenus dans dix districts.

Parmi les vétérinaires sélectionnés, on compte 12 femmes. En les aidant à acquérir une moto, avoir une activité rentable et disposer d’un revenu régulier, notre projet ne se contente pas d’améliorer la santé animale dans les zones rurales. Il permet aussi de renforcer durablement l’autonomie des femmes dans ces régions.

Odette Mukandayisenga s’est récemment classée parmi les 5 premiers vétérinaires de son district lors du processus de sélection. Elle travaille dans le secteur de Rwaza, dans le district de Musanze. Bien qu’elle soit déjà propriétaire de trois parcelles de terre et de sa propre officine vétérinaire, elle n’a pas les moyens d’acheter une moto. Et elle n’a pas d’autre choix que d’acheter les intrants vétérinaires au détail à Musanze. Le soutien du projet est donc crucial pour qu’elle puisse développer son activité vétérinaire. Comme les 49 autres candidats, elle se réjouit déjà d’entamer une nouvelle étape de son parcours professionnel, au volant de sa propre moto.

Avec le soutien de Enabel, agence belge de développement.