Juste avant Noël, les premiers cas de la maladie ont été signalés à Moroto, dans le Nord de l’Ouganda. Après les vacances – tout comme en Belgique, la plupart des organisations sont fermées entre Noël et Nouvel-An –, on a rapidement parlé d’une “épidémie”. Pour les éleveurs, perdre des animaux à cause de maladies est une catastrophe. Le pays est en pleine saison sèche et les animaux comme les humains vivent les mois les plus difficiles de l’année.
Affaiblis par la sécheresse
Décembre marque l’arrivée de la saison sèche. Janvier et février sont les mois les plus chauds et les plus secs. La végétation se fait plus rare. Les eaux de pluie qui avaient formé de grandes mares s’évaporent sous le soleil de plomb. Les herbes tendres, broutées depuis longtemps, laissent place à des herbes sèches et roussies, voire plus rien du tout. La saison sèche est pénible pour la population. Souvent, il reste à peine assez d’eau pour faire la cuisine ou se laver. Les animaux aussi souffrent : ils s’affaiblissent par manque d’herbe nourrissante et d’eau potable. Il leur faut parfois marcher une journée entière avant de trouver de l’eau. Et ensuite ils doivent retourner vers les verts pâturages. Cet effort les épuise encore plus. Et puis, il y a les maladies.
Les maladies animales se propagent rapidement
Cette année, plusieurs maladies ont fait leur apparition, mais c’est principalement la loukoi, maladie très contagieuse (péripneumonie contagieuse bovine en français) qui décime les troupeaux. La maladie se propage rapidement car énormément d’animaux se rassemblent autour des rares endroits où il reste encore de l’eau. Une simple toux suffit à transmettre la maladie. L’eau est souvent impure et d’autres maladies bactériennes se propagent facilement à travers l’eau contaminée.
Dans les semaines à venir, nous voulons donc sensibiliser la population aux dangers de ces maladies et les appeler à vacciner leurs animaux préventivement, afin de limiter les dégâts.
Sur les radios locales, nous informons les éleveurs locaux du lieu et du moment des vaccinations. Les agents communautaires de santé animale formés par Vétérinaires Sans Frontières participent à la vaccination et au comptage du bétail. Dans la mesure du possible, ils soignent également les animaux, comme par exemple pour l’anaplasmose, et ils en profitent pour vacciner et déparasiter les chèvres et les moutons en même temps. Comme beaucoup de maladies sont causées par les morsures de tiques, les animaux sont également aspergés avec un produit anti-tiques.
Une vaccination ultra-rapide
Chaque jour, nous envoyons dix agents de santé animale sur le terrain. Ensemble, ils sont capables de vacciner 2000 à 3000 animaux, à la vitesse de l’éclair. Les vaches sont menées en troupeau vers un couloir de vaccination. Les agents de santé animale injectent le vaccin dans le cou de l’animal au moment où ils passent le portail. Régulièrement, une vache essaie de sauter au-dessus du portillon ou de faire demi-tour. L’un ou l’autre veau y parvient parfois.
Le vaccin contre la loukoi ou PPCB protège un animal durant six mois. Si, pendant trois années consécutives, nous vaccinons préventivement 80 % des animaux, nous parviendrons à éradiquer la maladie. C’est pour cette raison qu’une intervention durable est si importante, par la formation et l’encadrement des agents de santé animale.
Amber Dierckx, experte junior chez Vétérinaires Sans Frontières à Moroto.
La fièvre aphteuse
Avant que la campagne de vaccination ne commence, les éleveurs du Karamoja ont dû faire face à un coup dur. A cause l’apparition de l’ejaa, la fièvre aphteuse, les autorités ont imposé une quarantaine dans tout le district de Moroto ainsi que dans un périmètre de 20 km autour. Les éleveurs dans cette zone ne peuvent dès lors ni faire le commerce d’animaux vivants et de produits animaliers, ni même les transporter pendant au moins sept mois. La maladie est très contagieuse et reste longtemps dans la moelle des animaux morts. Malheureusement, il n’y a pas de vaccin contre l’ejaa en Ouganda.
La quarantaine empêche les enfants d’aller à l’école
La quarantaine est un désastre financier pour de nombreux éleveurs. Ce sont leurs animaux qui les font vivre, eux et leurs familles, et la vente des animaux ou des produits animaliers est leur principale source de revenus.
De plus, l’interdiction tombe très mal. L’année scolaire débute en février et les frais scolaires sont élevés. Souvent, l’achat de cahiers et d’un uniforme neuf est couvert par la vente d’une ou plusieurs bêtes. Ce qui est actuellement impossible. Beaucoup d’enfants n’entameront donc pas cette année scolaire.
Faites un don : sauvez 50 000 vaches
Dans le district de Moroto on compte environ 200 000 bovins et 400 000 chèvres et moutons. Pas moins de 60 à 70 % de la population élève des vaches, chèvres ou moutons. Ils courent tous le risque de perdre leur bétail à cause des maladies qui circulent.
Avec 19 euros, nos agents communautaires de santé animale peuvent déjà vacciner 100 animaux contre la PPCB mortelle.
Nous souhaitons vacciner pas moins de 50 000 vaches et pour cette campagne de vaccination, nous avons besoin de 9 500 euro au total.
> Faites un don dès maintenant et sauvez les animaux des éleveurs de Moroto.
Amber Dierckx