« Vétérinaires Sans Frontières m’aide à réaliser mon rêve. »

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Les zones rurales du Niger comptent très peu de vétérinaires. Pourtant, l’élevage y est le principal moyen de subsistance. L’accès aux soins vétérinaires représente donc un défi essentiel, du point de vue sanitaire mais aussi en matière de la lutte contre la pauvreté.

Pour répondre à ce défi, Vétérinaires Sans Frontières aide des vétérinaires privés à s’installer dans des zones reculées, en apportant un appui financier, du matériel et des formations. Depuis une quinzaine d’années, l’ONG a déjà facilité l’installation d’une trentaine de vétérinaires nigériens.

Le Dr Mariatou Adamou Hama fait partie de ceux qui ont été sélectionnés en fin d’année 2019. Avec son équipe de 24 agents de santé animale, elle participe actuellement à la campagne de vaccination du bétail dans la région de Balleyara, à une centaine de kilomètres de la capitale Niamey. Rencontre avec cette jeune vétérinaire aussi passionnée que déterminée.

Pourquoi as-tu choisi d’étudier la médecine vétérinaire ?

J’ai toujours su que je voulais étudier la médecine vétérinaire car étant touareg, ma famille a beaucoup d’animaux. Mes parents sont éleveurs, tout comme mes grands-parents et arrière-grands-parents avant eux. Comme on le dit au Niger, l’agriculture et l’élevage, ce sont des métiers dont on hérite. On a ça dans le sang.

J’ai vu combien mes parents souffrent pour accéder aux soins pour leurs animaux. Je me suis dit qu’étudier la médecine vétérinaire me permettrait d’aider ma famille. Et de manière plus générale, mon pays car le Niger est un pays d’élevage.

Ce qui m’a aussi poussée à être vétérinaire, c’est que je voulais montrer que les femmes peuvent faire ce genre de travail. Il faut que les mentalités évoluent par rapport aux rôles de l’homme et de la femme. Les femmes aussi peuvent travailler et gagner de l’argent. En fait, tout ce que les hommes peuvent faire, les femmes peuvent le faire aussi. Il faut que les gens comprennent cela et changent leur mentalité. J’espère qu’un jour il y aura autant de femmes vétérinaires que d’hommes au Niger.

Quel est le rôle du vétérinaire selon toi ?

Le vétérinaire est le premier garant de la santé humaine. Il maitrise mieux les zoonoses (qui sont des maladies qui se transmettent des animaux à l’homme) que le médecin. Il doit diagnostiquer ces maladies et les traiter, afin d’éviter la contamination des humains. Le vétérinaire contrôle aussi les denrées alimentaires d’origine animale : la viande, le lait et tous ses dérivés, les œufs,…. Il contrôle la qualité des aliments d’origine animale pour éviter la transmission de maladies à l’homme.

Qu’est-ce qui t’a poussée à postuler auprès de Vétérinaires Sans Frontières ?

J’ai eu l’occasion de discuter avec des vétérinaires que VSF a installés et de constater qu’ils sont vraiment satisfaits.

Si je m’installais comme vétérinaire privée toute seule, tout serait à ma charge. Ça aurait été impossible pour moi de trouver les ressources financières pour payer le terrain, le cabinet,… Je veux ouvrir un cabinet digne de ce nom : avec une pharmacie, un bloc opératoire, une salle d’attente… comme j’en ai vu au Sénégal, au Mali ou dans des documentaires. Ici au Niger, cela n’existe pratiquement pas.

Mais Vétérinaires Sans Frontières m’aide à réaliser mon rêve.

Quels sont les problèmes que rencontrent les éleveurs nigériens en matière de santé animale ?

Ils ont du mal à avoir accès aux soins vétérinaires car il n’y a pas assez de personnel. Souvent, le vétérinaire n’est pas disponible quand on l’appelle car il est trop sollicité. Quant aux auxiliaires d’élevage, leurs prestations sont chères et de mauvaise qualité car ils manquent de supervision. Soit ils n’administrent pas les médicaments appropriés, soit ce ne sont pas des médicaments ou des soins de qualité… Dans les villages, il arrive souvent que les animaux meurent sans que l’on sache pourquoi.

Mais grâce aux réseaux mis en place avec le soutien de Vétérinaires Sans Frontières, tout cela est en train de changer.