Pour notre dernière visite officielle, nous partons à la rencontre d’une autre groupement d’épargne « VICOBA ». Ici, certains membres de la communauté, appelés « fermiers modèles », ont également reçu des chèvres Galla. Cette race de chèvres kenyanes présente de nombreux avantages : elles sont plus rustiques, résistent mieux à la sécheresse et surtout produisent plus de lait. La communauté nous réserve elle aussi un accueil chaleureux et à nouveau très émouvant, en chanson et danse. L’effet de surprise étant un peu moins présent, nous parvenons mieux à contenir nos émotions.
Après une présentation des projets réalisés grâce à l’épargne de chacun, nous sommes emmenées pour une visite de la manyatta. C’est le nom qu’on donne à l’ensemble des huttes d’un village, qui rassemble plusieurs familles et est entourée d’une « palissade » composée de troncs d’arbres.
Des chèvres, du lait et un abri
On commence par nous présenter les chèvres, et ils sont enchantés ! Elles produisent environ un demi-litre de lait matin et soir, ce qui est un excellent apport nutritif pour les enfants. Elles sont aussi relativement fertiles puisqu’un animal met bat environ une fois par an. Encore une fois, leur reconnaissance est énorme et toujours aussi gênante ! Cette communauté me semble encore plus isolée que les autres.
Les villageois sont très fiers de nous faire visiter leur village, et nous sommes l’attraction des enfants. Nous poursuivons la visite du village, escortés par les enfants qui se battent pour nous donner la main. Une petite fille attrape la mienne et ne la lâchera pas avant notre départ ! Nous découvrons à côté des huttes une plateforme surélevée et couverte par un toit de tôle. Cet abri sert à rentrer les chèvres la nuit, pour les protéger de la pluie et les garder dans un endroit propre, tout en récupérant les excréments pour fertiliser les terres. Cela fait partie de l’appui de Vétérinaires Sans Frontières. Le confinement permet également de contrôler les accouplements et d’éviter les croisements afin de garder, dans la mesure du possible, des chèvres 100 % Galla.
Semences et système de rotation
Nous visitons ensuite les champs qu’ils sont en train de préparer. Avec l’aide de Vétérinaires Sans Frontières, les « fermiers modèles » y ont délimité 4 parcelles et mis en place un système de rotation afin de pouvoir mettre les chèvres pâturer sans surveillance et éviter de détruire l’environnement. Pour l’instant, la terre n’est pas cultivée ; Charles leur fournit les semences pour la suite et leur explique comment les semer. Encore une fois, ils font tous preuve d’une énorme motivation et sont très heureux des projets mis en place !
Il est l’heure de partir mais la petite fille ne m’a toujours pas lâchée. Je suis obligée de la laisser, et je dois forcer pour récupérer ma main ! Elle a l’air si triste, ses yeux me supplient ! C’est très difficile de voir des enfants dans ces conditions… Nous reprenons la route, à nouveau accompagnés de chants et de danses… Encore une fois, j’ai du mal à partir ! J’aimerais encore partager un peu avec ces gens, les aider, apprendre de leur culture, échanger…
En chemin vers Kaabong, nous croisons à nouveau beaucoup de monde sur les bords de la route ! Mais une image me hantera jusque la fin du voyage. Celle d’un jeune garçon, de 3 ans à peine. Il marche difficilement, encore un peu instable, pieds nus. Il porte un t-shirt mal en point qui le couvre à peine. Il est seul sur le bord de la route, transportant un bidon d’eau d’une main et une grande bouteille d’eau de l’autre… Si jeune, si seul, au milieu de nulle part avec cette cargaison… J’ai envie d’arrêter la voiture, de l’emmener et de le déposer chez lui. Je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il a perdu son enfance, son innocence, et je suis triste et en colère à la fois ! Que peut-on faire ? Si seulement nous pouvions rendre un peu d’innocence à ces enfants !
Elisa Scohy
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