La réalisation d’un bio-digesteur dure environ 7 jours, il est constitué d’une entrée servant à introduire le fumier dans la cuve où le gaz va se créer et d’une sortie où sort le fumier qui ne produira plus de gaz. Sa durabilité est d’environ 25 ans et le biodigesteur garantit une réserve en gaz fiable à condition bien sûr qu’il soit alimenté tous les jours.
Une telle installation permet de diminuer considérablement l’utilisation du bois et donc réduit la déforestation ainsi que les maladies dues aux inhalations de fumée. Pour promouvoir ce genre d’installation dans les villages, Vétérinaires Sans Frontières organise des réunions de sensibilisation à cette pratique. Une fois qu’un des paysans du village visé possède une cuve, la publicité à travers Vétérinaires Sans Frontières n’est plus nécessaire car les propriétaires la font eux-mêmes et les demandes se multiplient. Nous avons rencontré deux des huit bénéficiaires du village sans oublier les nombreux enfants.
- Vénuste, père de quatre enfants, a bénéficié d’un biodigesteur mais ce n’est pas sans coût. L’Etat rwandais et Vétérinaires Sans Frontières payent une partie et le bénéficiaire doit payer 150 000 francs (pour se faire, il a du s’endetter sur un an). Il a choisi le biodigesteur car il est propriétaire d’un bois et grâce à cette installation, il économise du bois et protège l’environnement. De plus, cela soulage aussi sa charge de travail car c’étaient lui et sa femme qui allaient chercher le bois pour le feu.
- Béatrice est une membre d’Imbaraga qui a installé un des premiers biodigesteurs. Elle a tout de même dû faire un prêt mais cet investissement a amélioré sa condition de vie. Malgré ses deux becs à gaz, elle utilise toujours du bois (à raison de 1600 francs rwandais par mois au lieu de 21 000).
Plus tôt dans la journée, nous sommes allés visiter un des nombreux mémoriaux du génocide, celui de Murambi. La particularité de ce lieu est que les faits se sont déroulés dans des bâtiments destinés à devenir une école. L’apparence des bâtiments n’a pas changé depuis 1994. Cette école comporte trois bâtiments dans lesquels sont gardés des corps d’enfants et d’adultes conservés à la chaux. Bien entendu, la vision de ces corps ne s’est pas faite sans quelques larmes. Même si nous n’avons pas vécu cette tragédie, elle nous a profondément touchée. Ce mémorial comporte deux parties : un musée et une partie extérieure où se trouvaient les bâtiments et les fosses communes creusées par les victimes elles-mêmes. De plus, notre guide a vécu le génocide et y a perdu des membres de sa famille. Celle-ci ainsi que ses amis, deux jours auparavant s’étaient réunis pour fêter le baptême de son petit frère. Il a vu ces mêmes personnes se tuer entre-elles lors du massacre.
Nora et Delia