L’élevage de volaille, une affaire de femmes

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Nous descendons à pied, entre quelques habitations, pour rencontrer un premier groupe. Rebecca nous y attend, entourée d’une dizaine de dames. Elle est très fière de nous montrer le succès de leur élevage de poussins. Les volailles sont bien dodues, avec de jolies plumes. Nous verrons plus tard que tous les groupes ne fonctionnent pas encore aussi bien. Mais ce groupe emmené par Rebecca est impressionnant ! Chacune des dames a déjà reçu ses propres volailles, issues de l’élevage du groupe. Elles sourient lorsque Peter leur demande si elles aiment les œufs et la viande de poulet.

Les Masaï ne consomment pas de viande, en dehors d’occasions bien spécifiques. Leur dieu traditionnel a fait d’eux des gardiens de troupeaux. Les meilleurs gardiens de troupeaux au monde, probablement. Ils ont la responsabilité de leur bétail, bovins et chèvres essentiellement. Le poulet n’est pas concerné par leurs traditions, les femmes gèrent leurs poulaillers, sans que les hommes ne s’en mêlent. Et désormais, les œufs et la viande de poulet, riches en protéines, viennent améliorer l’alimentation des enfants. Rebecca nous dira que les chapati, leurs crêpes traditionnelles, sont bien meilleures avec des œufs. Les enfants sourient…

Rebecca a reçu une couveuse, et depuis peu une éleveuse pour protéger les poussins des serpents qui sont de redoutables prédateurs. Ce matériel et les volailles ont été confiés avec un encadrement progressif, continu, efficace. Les relations entre les personnes sont tellement importantes pour assurer un succès durable. Et Rebecca transmet désormais son savoir. Les autres dames l’entourent, écoutent, et profitent de ses connaissances. Il importe en effet de savoir combien d’œufs peuvent être consommés, vendus, ou doivent être mis en couveuse, il est essentiel de nourrir correctement les poussins, et de les protéger efficacement. Ce savoir se transmet. Le système « Pay it forward » fonctionne, pour le plaisir de tous.

Pierre Paindaveine