Plus de 500 étudiants sensibilisés à la souveraineté alimentaire

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C’est désormais une tradition depuis 2016. Chaque année, Vétérinaires Sans Frontières et son partenaire SOS Faim sensibilisent les étudiants de première année de bachelier des filières agronomiques wallonnes à la souveraineté alimentaire. Le 15 mars dernier, ils étaient à nouveau tous réunis à Gembloux pour la journée Jeunes Agros et Souveraineté Alimentaire (Jagros).

Fortes de cette expérience solide, les deux ONG ont décidé cette année de pousser la porte du milieu universitaire, en collaboration avec Uni4Coop. C’est ainsi que la Djesa (demi-journée d’échanges sur la  souveraineté alimentaire), petite sœur de la journée Jagros, a vu le jour en février 2023 dans les différentes universités francophones de Belgique. A l’Université catholique de Louvain, ce sont les étudiants de deuxième et troisième bachelier de médecine vétérinaire que Vétérinaires Sans Frontières a pu sensibiliser.

En tout, nous avons atteint plus de 500 étudiants lors de ces deux journées en février et mars 2023.

Pourquoi parler de souveraineté alimentaire ?

Lors de la journée Jagros, les étudiants pouvaient choisir entre une dizaine d’ateliers interactifs autour de la souveraineté alimentaire.

Selon la Via Campesina, la souveraineté alimentaire désigne « le droit des peuples à une alimentation saine et culturellement appropriée produite avec des méthodes durables, et le droit des peuples de définir leurs propres systèmes agricoles et alimentaires ». Un concept étroitement lié à nos systèmes de production de nourriture, et de plus en plus mis en péril dans notre société de consommation.

Ces dernières décennies, nous constatons que notre système alimentaire actuel est confronté à une multitude de défis, et atteint ses limites. Alors que le surpoids et l’obésité sont un fléau qui touche plus de 2 milliards de personnes, des millions d’autres souffrent de sous-alimentation ou de carences alimentaires. A commencer par les millions d’agriculteurs qui vivent dans l’extrême pauvreté en Afrique, en Amérique latine ou en Asie du sud-est. Partout, l’agro-industrie gagne du terrain, avec des conséquences dramatiques pour l’environnement et la biodiversité, et le risque d’émergence de nouvelles pandémies. Sans parler des conséquences en matière de bien-être animal ni des inégalités dont sont victimes les pays moins industrialisés.

Des problématiques que le COVID-19 et la guerre en Ukraine ne font qu’exacerber, et que les politiques ne parviennent pas à résoudre, au vu de la nouvelle politique agricole commune et de l’échec des COP 26 et 27. Il est donc plus que temps de repenser ce système et de trouver des solutions.

Le programme des journées Jagros et Djesa est pensé pour faire réfléchir les étudiants agronomes ou vétérinaires sur les enjeux de la souveraineté alimentaire.

Quel intérêt pour les étudiants agronomes et vétérinaires ?

Qu’ils se destinent à prendre la tête d’une exploitation agricole, à travailler dans l’agro-alimentaire ou à une carrière de vétérinaire, tous les étudiants que nous ciblons ont un rôle à jouer dans le système alimentaire de demain. Les sensibiliser au concept de souveraineté alimentaire est donc primordial pour Vétérinaires Sans Frontières. Ce concept est d’ailleurs au cœur de nos projets d’éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire en Belgique.

Notre objectif n’est pas seulement de les informer des impacts négatifs du système actuel dominant, mais aussi de leur montrer des alternatives et des pistes d’action politique. En réfléchissant, en débattant et en se mobilisant autour du concept de souveraineté alimentaire, ils prennent conscience qu’ils peuvent changer les choses. A commencer par leurs habitudes de consommation : privilégier les circuits-courts, manger local et de saison ou encore, consommer moins de viande mais de meilleure qualité.

Un programme qui fait réfléchir

Après la représentation, les acteurs de la pièce ‘Nourrir l’humanité-Acte II’ ont échangé avec les étudiants sur les difficultés rencontrées par le monde agricole en Belgique.

Le programme des deux journées était similaire, avec différents ateliers ou modules pédagogiques et une activité centrale commune à tous les étudiants : la pièce de théâtre Nourrir l’humanité-Acte II. A travers une série de témoignages authentiques d’agriculteurs et agricultrices, les comédiens de la compagnie Adoc ont interpellé les étudiants sur les conditions de vie et de travail difficiles dans le milieu agricole en Belgique.

Lors de la journée Jagros, les étudiants ont aussi pu choisir entre différents ateliers proposés par une dizaine d’intervenants extérieurs du monde agricole (agriculteurs, éleveurs, organisations agricoles, etc.) ou associatif (Rencontre des continents, Terre-en-Vue, Li Mestere, Greenpeace, Quinoa, etc.). L’occasion pour eux d’échanger avec les invités sur leur métier, les problèmes rencontrés et les enjeux du système agricole actuel, de faire des liens avec la souveraineté alimentaire et d’évoquer des exemples d’alternatives et de solutions inspirantes.

Le pastoralisme à l’honneur

Pour Vétérinaires Sans Frontières, ces journées de sensibilisation sont aussi une excellente occasion de parler du pastoralisme, un mode de vie souvent méconnu des étudiants en Belgique. Ce modèle d’élevage extensif, basé sur la transhumance, est pourtant très répandu en Afrique, en Amérique latine ou en Asie. Dans les zones arides et semi-arides où nous sommes actifs, comme par exemple en Ouganda, c’est d’ailleurs le seul moyen de subsistance pour une grande partie de la population. Malheureusement, les éleveurs transhumants rencontrent de plus en plus de problèmes : conflits armés, compétition entre agriculteurs et éleveurs pour l’accès à la terre, sécheresse, inondations, etc.

A travers le jeu de plateau Nomadsed, Vétérinaires Sans Frontières propose aux étudiants de découvrir les défis du pastoralisme.

C’est pour faire connaître le pastoralisme et ses difficultés que nous proposons depuis quelques années le Nomadsed. Dans ce jeu de plateau, les étudiants endossent le rôle d’éleveurs pastoraux et tentent de survivre face aux aléas du quotidien. Pour y arriver, ils découvrent vite que la coopération est la clé. De quoi comprendre, de manière interactive, la réalité des éleveurs et les solutions qu’ils essaient de trouver pour perpétuer leur mode de vie.

Avis aux professeurs

Vous donnez cours dans l’enseignement supérieur et vous souhaitez participer aux prochaines éditions des journées Jagros ou Djesa ? Ou vous souhaitez simplement aborder les thématiques de la souveraineté alimentaire ou du pastoralisme avec vos étudiants ? Prenez contact avec Marie Lefèvre : [email protected].

Nos activités de sensibilisation en Belgique sont possibles grâce au financement de la coopération belge au développement et de Wallonie-Bruxelles International.