Un kraal est un lieu de rassemblement de familles semi-nomades ou nomades avec leur cheptel d’animaux. Elles s’installent au milieu de la savane et y restent tant qu’il y a de l’eau et de l’herbe en suffisance. Des palissades construites avec des branchages et des buissons d’épines trouvés sur place délimitent les parcs et les logements très précaires. Les différentes familles cohabitent et le chef est celui qui a le plus d’animaux.
Le kraal que nous visitons abrite 4 familles et environ 300 animaux. On n’y rentre pas comme on veut. Il faut être accompagné d’un guide ou d’un membre respecté par le chef. Drôle de sensation à notre arrivée car on a inévitablement l’impression de déranger. C’est comme si on rentrait dans la maison de quelqu’un qu’on ne connait pas. Puis plus le temps passe, plus l’atmosphère se détend et ce moment est idéal pour engager des conversations et poser des questions.
Paul, un collaborateur de Vétérinaires sans Frontières qui nous accompagne et qui traduit, nous explique que les communautés ont de plus en plus tendance à se sédentariser et ce, grâce au retour à une paix relative ces dernières années. Auparavant, ils bougeaient sans cesse notamment à cause des conflits. Avec l’introduction des armes dans les années 70’, les vols de bétail étaient en effet devenus de plus en plus fréquents et de plus en plus violents, allant jusqu’au massacre de familles entières. Ils préféraient ainsi changer d’endroit régulièrement. Cette semi-sédentarisation est bien sûr uniquement possible dans les zones où l’herbe et l’eau sont présentes en quantité suffisante pour subvenir aux besoins de toute la famille. Nous avons donc eu droit à une autre vision. Interpellant…
Un autre échange super intéressant a été celui sur les rituels, croyances et sorcelleries. Dans chaque communauté, un prophète interprète ses rêves et, en fonction de la gravité de l’évènement prédit, décide de sacrifier une vache. Un second sorcier étale alors les tripes de l’animal abattu pour y lire l’avenir. Il peut ainsi prédire les changements climatiques, les conflits ou au contraire les situations favorables. Nous sommes bien sûr septiques mais ils ont l’air convaincus.
Suite à cette visite passionnante, nous prenons la route vers un barrage construit à 50 km de là où nous sommes, mais nous devons rapidement rebrousser chemin face à une rivière infranchissable. Retour à l’hôtel pour une balade de 3h dans les montagnes avoisinantes. Magnifique et nous avions besoin de nous dépenser physiquement après autant d’émotions.
La journée se termine par la visite d’un apiculteur. Technique très différente de chez nous, qui apparemment fonctionne bien car pour un tronc d’environ 1 mètre de longueur, la récolte peut atteindre 40 kg par an. Il faut dire que les conditions climatiques permettent aux abeilles d’avoir une miellée presque toute l’année, contrairement à ce qui se passe chez nous. Très belle expérience…
Catherine Waterkeyn