Entre deux vaccinations, nous aurons l’occasion de parler avec Johannes de l’installation de son vet-shop, de l’achat des médicaments, des habitudes des éleveurs. Les vermifuges et autres anti-parasitaires tiennent une belle place dans son petit magasin, avec les médicaments destinés aux soins de plaies, et quelques antibiotiques que l’AMCRA classerait en jaune… Lui aussi tient des registres, pour l’état, mais aussi pour le vétérinaire qui le chapeaute et qui le forme pour accompagner les éleveurs au quotidien.
Une fois de plus, la dextérité des enfants est époustouflante. Vacciner des chèvres, je sais faire… Et je ne compte pas me tourner les pouces pendant que les autres s’affairent dans l’enclos en épines d’acacias. Mais je dois bien avouer qu’ils sont bien plus rapides que moi, et que leurs chèvres sont plus vives que nos Saanen ! L’une ou l’autre chèvre réussi à s’échapper de l’enclos de fortune, les enfants vont la rechercher, au milieu des cinquante autres chèvres qui lui ressemblent tellement !
Josti prend quelques photos pour immortaliser le moment. Les Masaï se prêtent au jeu avec beaucoup de plaisir, et viennent visualiser la photo sur le petit écran de l’appareil, pour s’assurer qu’ils sont bien à leur avantage. Sourires, rires, joie et fierté.
Rendez-vous au coeur de la boma
L’après-midi, nous partons à la rencontre d’autres groupes, plus isolés. Les habitants nous accueillent dans leur boma. Il s’agit du regroupement d’une dizaine d’habitations, en cercle, avec une enceinte en branches d’acacias. Les épines empêchent les chèvres de sortir, mais surtout ralentissent les prédateurs tels chacals et hyènes. A l’intérieur de la boma, d’autres petits parcs, destinés aux animaux. Les habitations sont petites, et toutes construites sur le même modèle : une porte étroite ouvre l’accès sur un petit couloir. A droite, une pièce de 2 m² pour les enfants, qui dorment le plus souvent à la belle étoile. A gauche, une cuisine. Un feu se consume en permanence au centre, pour faire mijoter les plats pendant de longues heures ou réchauffer le thé. La dame qui nous accueille est assise contre le mur en torchis, juste à côté du feu. Elle allaite son bébé de quelques mois, en tendant le bras vers l’étagère et les quelques rares instruments de cuisine. Derrière elle, un lit en peau sur quelques branches. A la tête du lit, l’armoire avec sa tenue de cérémonie. La fumée envahit l’espace, et s’échappe par les fentes de la toiture rudimentaire. La fumée protège des insectes.
Après la visite de la boma, les hommes nous attendent en cercle, pour parler de leurs projets et de leur vie. Les femmes nous offriront le thé, mélangé à du lait de chèvre et du sucre en quantité. Le parfum du thé dans la tasse en fer est couvert par le goût de la fumée. Les hommes sont tracassés par les pertes anormales de chèvres, causées par Ormillo, ce parasite que l’on sait désormais transmis par les chiens, et qui forment des kystes dans l’encéphale. Un chevreau agonise à coté du parc.
Ils nous parlent aussi de leur taureau, offert lui aussi par Vétérinaires Sans Frontières, et des vaches qu’il couvrira la prochaine saison. La boma fonctionne bien, des digues ont été construites pour maintenir un approvisionnement en eau plus longtemps pour abreuver les animaux.
Pierre Paindaveine