Aujourd’hui, la journée commence tôt car nous devons visiter l’abattoir de Dosso. Il se trouve un peu en dehors de la ville et a été construit en 2005. Situé sur un terrain d’environ 2 hectares, les animaux y sont amenés à pied, en jeep, ou même à moto pour les petits ruminants. Le site de l’abattoir n’étant pas clôturé et l’aire d’attente étant hors service, il n’est pas possible de les faire arriver la veille. Par conséquent, aucun examen ne peut être fait avant l’abattage.
Visite de l’abattoir
Ici, les animaux sont abattus selon le rite islamique : ils sont jugulés sans étourdissement préalable. Ensuite, ils sont dépiautés avec dextérité par de jeunes apprentis bouchers très adroits qui travaillent, pieds nus, dans le sang, le jus de rumen et les excréments.
Quelques carcasses sont pendues aux crochets prévus à cet effet ; un examen sanitaire est réalisé par des employés communaux formés en expertise des viandes. Après leur examen, les viandes saisies ne peuvent être détruites car il n’y a pas de javel. Les viandes comestibles, elles, sont emportées immédiatement en moto ou dans la benne des jeep, faut de frigo ou de camionnette frigorifique.
On abat chaque jour en moyenne 17 bovins, 60 petits ruminants et l’un ou l’autre chameau. Des taxes d’abattage sont prélevées pour chaque animal abattu, mais les recettes parviennent difficilement dans la caisse communale ou du moins ne sont pas réinvesties dans l’entretien des infrastructures. De telles pratiques désolent le nouveau gestionnaire, en place depuis 4 mois, qui ne sait plus à quel saint se vouer. Au vu de tous ces dysfonctionnements, il est vraisemblable que la viande qui sort de l’abattoir soit impropre à la consommation.
Nous rendons ensuite visite au Gouverneur du district de Dosso qui nous demande notre avis sur l’abattoir. La discussion est fort animée mais nos remarques pertinentes semblent faire mouche.
Marché à bétail et boutique d’intrants
Nous nous dirigeons ensuite vers Mokko où nous avons prévu de visiter le marché à bétail. Après un petit bonjour au maire, nous nous dirigeons vers le site d’abattage du village, où le travail est beaucoup mieux organisé et permet de sortir des carcasses de viande plus saines.
Nous visitons le marché qui dispose d’un quai de chargement pour pouvoir remplir les camions qui transportent le bétail au Bénin ou au Mali. Après avoir fait un tour parmi les 500 bovins, 600 caprins et les quelques ânes et chameaux présents sur le marché ce jour, nous entrons dans une boutique d’intrants agricoles gérée par un groupement de femmes appuyé par Vétérinaires Sans Frontières. Elles y vendent des compléments alimentaires pour engraisser les bovins, les ovins et les caprins. Les prix pratiqués dans leur boutique sont légèrement inférieurs à ceux du marché, de sorte qu’ils restent accessibles aux éleveurs et éleveuses les plus vulnérables de la région.
Encore une journée bien remplie au Niger !
Josette Ghysen