La transformation du lait, un savoir-faire féminin depuis des siècles

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C’est à des mini-laiteries locales que Vétérinaires Sans Frontières achète le lait destiné aux enfants résidant dans les camps de réfugiés. Ces petites entreprises transforment le lait collecté auprès des éleveurs et le revendent ensuite. En travaillant avec elles, nous ne soutenons donc pas seulement les réfugiés, mais aussi les femmes de la région qui font tourner les laiteries.

Pour le moment, Goudebo (le camp de réfugiés situé à 12 kilomètres de Dori) compte environ 10 000 habitants, bien qu’il soit difficile de donner un chiffre exact au vu du ballet incessant de nouvelles arrivées et de départs volontaires. Quatre groupes ethniques différents y vivent paisiblement côte à côte : Arabes, Songhaï, Touaregs et Peuls.

C’est surtout chez ces deux derniers groupes que la transformation du lait est réservée aux femmes depuis des siècles. Mais chez la population autochtone burkinabée aussi, ce sont souvent de petits groupes de femmes qui assurent la production du lait.

Tout le monde y gagne

C’est également le cas à la mini-laiterie de Dori. Dans une atmosphère à la fois agitée et agréable, une dizaine de femmes de tous âges s’affairent. « Tout le lait que nous collectons et transformons n’est pas amené au camp de réfugiés, le reste est transformé en yaourt et vendu sur le marché local, » explique l’une d’elles.

Quand on leur demande comment leurs maris réagissent au fait qu’elles travaillent à la laiterie, les avis sont partagés et varient de « rien de plus normal » à « il s’en fiche » ou « il faut encore qu’il s’y habitue ». En revanche, s’il y a un aspect sur lequel les femmes sont toutes d’accord, c’est la collaboration avec les réfugiés : « C’est une situation win-win, tout le monde y gagne. »

« Avant que le projet ne commence, j’ai essayé de vendre moi-même mon propre lait, » explique Aissata H. Koumayinka. Elle travaille pour la laiterie de Djibo, près du camp de Mentao à une septantaine de kilomètres de la frontière malienne. « Mais cela ne me rapportait presque rien. Le peu d’argent que je gagnais partait immédiatement pour mes dépenses quotidiennes comme la nourriture. Grâce à mon travail ici à la laiterie, j’arrive à gagner un peu plus. Je peux même mettre un peu d’argent de côté, » raconte-t-elle tout sourire.

Les yeux de Fatoumata Issa brillent aussi quand elle explique les avantages du projet. « Avant, nous ne savions pas comment faire du yaourt. Nous ne vendions que le produit brut, le lait local. » Mais quand des animateurs de Vétérinaires Sans Frontières lui ont expliqué comment faire du yaourt et les avantages de cette transformation, elle s’est montrée très enthousiaste. « J’ai tout de suite compris que ça nous permettrait de gagner un peu plus, » ajoute-t-elle en rigolant. Et avec ces revenus supplémentaires, les femmes peuvent vivre et s’occuper de leurs enfants de manière plus autonome.

Panneaux solaires

Laiterie à Dori (c) Wouter Elsen

Il reste cependant de nombreux obstacles à surmonter, comme le souligne Vétérinaires Sans Frontières. Pour les femmes des laiteries, il n’est pas toujours évident de changer la méthode traditionnelle et de la moderniser. La sensibilisation joue un rôle important. « Nous leur expliquons bien que nous ne changeons pas la méthode pour le plaisir de la changer. Nous insistions sur le fait qu’une meilleure hygiène et des contrôles de qualité profitent à tout le monde, » explique Hamidou Sabas Diallo, sociologue chez Vétérinaires Sans Frontières.

Par ailleurs, le manque d’infrastructures adaptées joue souvent des tours à l’ONG. Les camions frigorifiques et les frigos ne sont pas disponibles partout, et là où on en trouve, ce sont les coupures de courant qui posent souvent problème. Heureusement, l’énergie solaire fait tout doucement son apparition au Burkina Faso. La majorité des mini-laiteries soutenues par Vétérinaires Sans Frontières sont d’ailleurs équipées de panneaux solaires.

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