Des réfugiés aux commandes grâce aux micro-entreprises

Actualités

Selon une étude, en décembre 2013, 78 pourcents des réfugiés maliens au Burkina Faso souhaitait retourner au pays dans un futur proche. Bien que le Mali ait signé un accord de paix en mai 2015, il semblerait que seule une petite fraction de ces réfugiés soient effectivement rentrée au Mali. La situation sécuritaire au nord du pays reste en effet extrêmement instable et il est impossible pour de nombreux réfugiés de rentrer chez eux. « Il est essentiel d’assurer une meilleure autonomie aux réfugiés, pour qu’ils puissent reprendre leur vie en main de façon totalement indépendante, » commente Salifou Ibra, chef de projet pour Vétérinaires Sans Frontières. « Nous leur apportons un appui dans le développement de micro-entreprises. »

Il s’agit de petits groupes de 3 à 12 personnes qui exercent une même activité, en fonction de leurs talents communs ou de leur expérience. Almougamar fait partie d’un de ces groupes, avec deux autres femmes de sa région d’origine (Tombouctou). Les trois femmes ont reçu un capital de départ de Vétérinaires Sans Frontières, avec lequel elles ont décidé d’acheter dix moutons sur le marché. Elles ont ensuite donné les soins nécessaires aux animaux, ainsi qu’une alimentation riche en vitamines. « Deux mois plus tard, nous avons vendu les moutons, » explique Almougamar. « Nous avons choisi le bon moment, c’est-à-dire une période où l’offre de moutons sur le marché était faible. Nous avons donc pu demander un prix plus élevé, et nous avons fait un bénéfice de 70 000 CFA (100 euros), » ajoute-t-elle, satisfaite.

Combattre les préjugés

(c) Wouter Elsen

« Plus tard, quand ils reconstruiront leur vie au Mali, ces expériences pourront vraiment les aider à aller de l’avant, » confirme Ibra. « Grâce à cette source de revenu, leur qualité de vie s’améliore. »

Le bien-être des réfugiés est surtout menacé chez les populations Touaregs, le plus grand groupe ethnique représenté dans le camp. Au début de la guerre au Mali, un groupe d’indépendantistes Touaregs (MNLA) s’est en effet rallié au groupement armé Ansar Dine pour s’élever ensemble contre l’état malien. Le mouvement s’est beaucoup affaibli, mais une certaine forme de stigmatisation demeure au Burkina et les Touaregs sont même systématiquement assimilés à des terroristes par certaines personnes. « En faisant collaborer la population locale et les réfugiés, nous essayons petit à petit de dépasser ces préjugés, » explique Salifou Ibra.

Découvrez dans les articles suivants comment Vétérinaires Sans Frontières collabore avec les populations locales pour accueillir des réfugiés maliens au Burkina Faso :

La coupole des ONG francophones, le CNCD-11.11.11, dont Vétérinaires Sans Frontières fait partie, se bat contre les inégalités et pour un changement durable. Cette année, la migration se trouve au centre de sa campagne. Car, partout dans le monde, des millions de personnes fuient la guerre, la pauvreté, les inégalités, le changement climatique,… Des causes auxquelles Vétérinaires Sans Frontières fait face au quotidien.